« Oh! Un vol de chansons sauvages! »
Explorateur urbain, Alfred (ou du moins son alter ego) s’introduit dans un théâtre désaffecté pour une session clandestine de dessin. Il y croise le musicien Arthur H, lequel l’invite dans un périple onirique ponctué par ses poèmes.
Le texte repose en bonne partie sur l’intégration des vers de l'auteur-chanteur. La formule fonctionne bien, par exemple pour Éléonore et Léonard, dans laquelle le parolier raconte l’histoire de deux personnages. Idem pour Jeunes sauvages ou Le Baron noir. L’album se donne alors un air de comédie musicale et le lecteur se creuse la tête pour retrouver l'air qui accompagne ces mots.
L’assimilation du corpus apparaît par moments moins convaincante, particulièrement vers la fin de l’album, alors que des pièces comme Divin blasphème et Le chercheur d’or sont simplement accompagnées d’une ou quelques images ; le fil conducteur semble alors rompu. Bien que jolies, ces planches s’entendent comme des fausses notes.
Les pages les plus fascinantes sont incontestablement celles où les deux artistes discutent. Chacun présente son art et sa méthode de travail, confie ses états d’exaltation, et, de façon générale, explique ce que la création lui apporte. Bien que les médiums soient différents, les deux démarches affichent d’étonnantes similitudes.
Alfred relève un défi de taille quand on sait que que le patron du Bachibouzouk Band fréquente tour à tour le rêve, la mélancolie, le polar, la nostalgie ou encore le surréalisme. Peu importe, ses pinceaux se mettront au service de chacune des émotions. Après tout, l’homme a du talent et il est polyvalent.
Bien qu’il étonne, le petit format du livre convient à ce projet où les planches accueillent rarement plus de deux ou trois vignettes.
Un album intéressant, surtout pour les amateurs d’Arthur H. Les nostalgiques des histoires abracadabrantes de Fred devraient aussi y trouver leur compte. Les autres pourraient toutefois être décontenancés par l’aspect décousu de l’entreprise.
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