N
om connu de tous et ça, depuis plus de deux milles ans, Jules César fait partie du club ultra-select des figures historiques majeures. Vénéré de son vivant et déifié dans la foulée de sa mort, il a ensuite, au fil des siècles, été cité, utilisé et récupéré par tous les dirigeants qui l’ont suivi. Par contre, en dehors des caricatures et de quelques lieux communs, peu de personne connaissent véritablement les détails de sa vie et de sa personnalité. Pourtant, s’il est devenu une légende, il y a bien une raison, une foule de raisons en fait. Général avisé, stratège génial, politicien aguerri, il a mené campagne sur trois continents, posé les bases d’un des plus grands empires et gagné le respect, tant du peuple que des édiles (tout en n’hésitant pas à éliminer froidement ses adversaires). Il est venu, il a vu et a vaincu, pour l’éternité.
Déjà à la barre de la série animée Jules (Planète+, 2024), Alfred de Monstesquiou propose, en compagnie de Névil, Moi, Jules César, une version BD de ce passionnant sujet. Copieuse biographie du grand homme, l’album retrace les cinquante-cinq ans d’une existence plus grande que nature. Fruit d’une enquête de trois ans, le récit se montre précis et ultra-documenté (cf. les trois cents notes en fin d’ouvrage). Il faut dire que les sources ne manquent pas. Le scénariste a pu puiser dans une masse d’informations : les propres écrits de César, dont sa célèbre Guerre des Gaules, les témoignages de ses contemporains, de ses biographes, de ses ennemis, etc. Il en ressort un opus dense, parfois à la limite de l’étouffement. Il n’y avait certainement pas moyen de faire autrement dans l’espace mis à disposition.
Côté positif, la boucle est bouclée d’une manière à peu près accessible, une fois les innombrables protagonistes en tête (merci aux mini-bio qui ouvrent les débats). Malgré un style un peu mécanique et sec, Névil fait des miracles et arrive à caser les multiples renseignements et toutes les précisions nécessaires à la narration. Par contre, il ne peut pas grand-chose face aux nombreuses ellipses et raccourcis que le scénariste est forcé de prendre. Heureusement, en dépit de ces choix obligés, la lecture reste globalement claire. Entrer davantage dans les nuances et les explications aurait évidemment été plus percutant, mais aurait sans doute nécessité au moins deux ou trois tomes supplémentaires.
Synthétique, historiquement complet et homogène, Moi, Jules César réalise la gageure d’être une excellente introduction à un personnage-clef de l’Histoire romaine, sans tomber dans le piège du didactisme ou de la leçon purement scolaire.
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