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E n mars 2020, Marine emménage dans un nouvel appartement à Bordeaux. Faisant le tour du propriétaire avec ses parents venus l’aider, elle plaisante sur la vue charmante qu’elle a sur le cimetière. Mais quand le papa émet le souhait d’être enterré dans le caveau familial auprès de son propre père, c’est la douche froide. Sa fille se contracte ; jamais, elle n’ira visiter cette tombe. Elle ne veut pas, ne peut pas. Ce grand-père-là est son cauchemar, sa plaie. Derrière les apparences de papy idéal, Auguste a violé Marine quand elle était enfant. La jeune femme en conserve des séquelles ; surtout, elle souffre du silence et des non-dits maintenus pendant toutes ces années par son entourage. Ses parents, oncles, tantes et, peut-être, sa grand-mère soupçonnaient ; pourtant, ils n’ont rien dit, rien fait. D’ailleurs, combien d’autres ont subi la même chose ? Pour comprendre, Marine entame une enquête auprès des siens dispersés aux quatre coins de la France.

Bien que la parole sur les violences sexuelles semble se libérer aujourd’hui grâce, entre autres, au mouvement #Metoo et aux témoignages de différentes vedettes, le sujet reste d’un abord délicat. Et ce, tout particulièrement, quand il est question d’inceste. Comme le rappelle le très instructif dossier en fin d’album, cent soixante mille enfants sont victimes d’inceste chaque année en France. Ce sont cent soixante mille de trop. Ayant elle-même vécu cet abus, la journaliste Marine Courtade s’est lancée dans une investigation auprès des membres de sa famille afin de mettre à jour ce tabou qui n’a cessé de lui peser. Épaulée au dessin par Alexandra Petit, elle raconte cette recherche de vérité dans On ne parle pas de ces choses-là, paru dans la collection La Revue dessinée, chez Casterman.

Après une brève introduction posant le cadre, Marine Courtade entame la plongée dans ses souvenirs, ou plutôt des fragments qu’elle conserve des faits et de ce qui s’est ensuivit. Elle évoque l’image de ce « père de son père » (qu’elle ne peut plus nommer « grand-père ») : l’apprentissage des échecs, la manière de peler une pomme - autant de choses qu’elle a désormais en horreur – et ces chocolats qu’il lui donnait pour qu’elle se taise. L’autrice reste pudique sur les attouchements, les viols, jamais montrés, juste suggérés. Elle révèle également que sa mémoire est parcellaire, marquée par la sidération, altérée par les mécanismes de défense de la survie, tout en ayant conscience des conséquences que cela a eu sur ses relations amoureuses postérieures et sur certaines peurs. Surtout, la journaliste s’interroge : qui savait ? Pourquoi personne n’a porté plainte ? Pourquoi chacun a-t-il continué à vivre comme si de rien n’était ? Combien ont été également les proies de l’abuseur ? Au fil des entretiens avec ses parents, ses oncles, ses tantes et une grand-cousine, Marine Courtade extirpe à la lumière la vérité douloureuse, la honte prégnante, le malaise palpable, le déni, l’impossibilité de dénoncer l’agresseur avec lequel les liens filiaux et affectifs sont très forts. Les raisons du silence maintenu sont diverses et touchent souvent à l’immense difficulté d’accepter que le géniteur connu et apprécié puisse être un prédateur pernicieux. Malgré tout, la scénariste se garde de juger ; elle écoute, mesure, cherche à cerner. Elle s’aperçoit aussi, comme elle l’explique en épilogue, que cette omerta est plus complexe qu’il n’y paraît. Surtout, et cela apparaît primordial, elle reçoit ce dont elle avait cruellement besoin : la reconnaissance par les siens de son statut de victime.

Accompagnant ce récit, le dessin d’Alexandra Petit transmet particulièrement bien les ressentis, que ce soit les émotions intenses générées par la remontée de souvenirs difficiles pour Marine, la gêne de certains de ses interlocuteurs, les attitudes sur la défensive de son paternel et de la tata Corinne, le fatalisme d’autres (« Que pouvions-nous faire sans preuve, avec juste un soupçon que, peut-être ? »). L’accent est porté sur les regards, les gestes, les postures.

Bande dessinée témoignage, On ne parle pas de ces choses-là réussit à démonter la mécanique de la chape de silence qui entoure trop souvent le tabou de l’inceste. Nuancée et toute en justesse, cette œuvre nécessaire mérite de s’y arrêter.

Par M. Natali
Moyenne des chroniqueurs
6.0

Informations sur l'album

On ne parle pas de ces choses-là

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