J
uillet 2022, Courteville, quelque part dans le Perche. Alors que le COVID et la canicule sévissent, le maire Gilles Poulain décroche le téléphone pour prendre des nouvelles des plus vulnérables de son village. Mais où est Albertine ? Personne n'a vu la quasi-centenaire depuis plusieurs années. Heureusement que son fils lui rend visite toutes les semaines. Toutefois, lorsque les gendarmes pénètrent dans la maison, visiblement à l'abandon, ils ne trouvent pas trace de la vieille dame.
Les journalistes François Vignolle et Vincent Guerrier se sont inspirés d’un fait divers pour écrire le scénario d'Albertine a disparu. La trame adopte en bonne partie le point de vue de l’élu, lequel découvre la maltraitance passive dont souffrent les personnes fragiles. À leur domicile ou en EPHAD, elles vivent l’isolement... même si elles demeurent dans une agglomération où tous se connaissent et se préoccupent les uns des autres.
Le ton pourrait se montrer moralisateur, mais ce n'est pas le cas. Les reporters exposent les faits, sans les interpréter. Ils tendent le micro aux voisins, aux représentants des forces de l’ordre, au personnel médical et à l’héritier de la vieillarde. Au final, personne et tout le monde semble responsable. Les auteurs se gardent d’ailleurs de pointer qui que ce soit d’un doigt accusateur, là n’est pas la finalité de leur projet.
Le tandem intègre à l’histoire une famille parisienne venue s’installer à la campagne pour se connecter aux valeurs d'entraide. En quelques présences discrètes, elles mettent en relief que l'anonymat n’est pas seulement un phénomène de métropole. Et que dire du politicien trop occupé pour voir sa mère aussi souvent qu’il le voudrait ?
Avec son dessin charbonneux, Vincenzo Bizzarri illustre très joliment le récit. L’artiste ajoute une couche de sens au scénario en dessinant des rues généralement désertes et des habitations protégées par des palissades de trois mètres, ce qui apparaît tout de même paradoxal dans une France rurale censée être conviviale. Les acteurs, tracés d’un trait semi-réaliste, jouent toujours juste. Leurs regards fuyants, dans lesquels se lisent le malaise et un soupçon de culpabilité, se révèlent particulièrement éloquents.
Une intéressante chronique sociale, en forme d’interrogation le rôle de l’individu, de la communauté, des enfants, des autorités et de la société dans son ensemble.
Originaire de la région (j'ai trouvé, dés les première pages le village de l'action) où se passe le récit, je n 'avais jamais entendu parlé de cette histoire. Album qui interroge sur la place des personnes agées dans notre société et des rapports dans un village avec ces non-dits, rancunes, vieilles histoires. Le dessin réaliste colle tout à fait à l'histoire. Des intérrogations demeurent mais elles sont liées au fait que l'histoire est tirée d'un fait divers réel.
Un album qui interroge de façon un peu maladroite le devenir de nos vieux : tout le monde semble connaitre Albertine mais personne ne s'en soucie. Il m'a cependant manqué un petit quelque chose pour vraiment plonger dans cette histoire qui fleure bon le terroir et les non-dits. Bref, pas convaincu :(