S
i les hommes se sont appropriés les terres de l’Ouest, ils n’ont pu y (sur)vivre qu’avec l’aide de leurs femmes, filles ou mères. Et même si l’Histoire les a quelque peu effacées de ses tablettes, ce cinquième volet de la saga … of the West, toujours dirigé par Tiburce Oger, les rappelle à notre bon souvenir et, par un juste retour des choses, invite sur cette partition chorale quelques mezzos-sopranos du 9e art.
La formule est désormais parfaitement maîtrisée : un fil rouge, en l’occurrence, une séance de spiritisme chamanique, et l’évocation, en une suite de saynètes, de figures parmi les plus emblématiques de la conquête du Far West par la gent féminine.
Que ce soit dans les convois ou dans leurs homesteads miséreux mais en terre promise, les pionnières étaient les garantes de l’emprise des colons sur les grandes plaines. Mais, face à l’adversité et quel qu'en soit le lieu ou l'époque, elles savaient faire œuvre de résilience. Certaines purent même, grâce au Preemption Act de 1841, cultiver leurs arpents de prairies voire, pour les plus aisées, vivre comme bon leur semblait (Boston marriage) ou bien disposer du droit de vote (1869) bien avant les suffragettes européennes... sans toutefois parvenir à s’affranchir du joug de leurs frères, pères ou maris !
Sur ce dernier opus, l’art de Tiburce Oger est de choisir parmi une multitude de destins historiquement documentés les plus symboliques, mais pas nécessairement les plus médiatisés, conférant ainsi à cet album une palette de nuances et de variété des mieux orchestrée. En opérant de la sorte, il replace toutes ces pionnières, ces anciennes esclaves ou ces Indiennes à leur vraie place dans la création mythifiée de l’Ouest.
Quant au graphisme, il est aussi diversifié que l’existence de celles dont il illustre la vie. Comme il est écrit, cette série est certainement le plus beau casting de l’histoire de la bande dessinée française, ce qui, pour l’occasion, mériterait même un sticker ! La variété des styles induit une complémentarité qui, auparavant, ne ressortait peut-être pas avec autant d'intensité, car nombre de dessinatrices ne sont pas, à l’instar de leurs confrères masculins, des spécialistes du genre. Ainsi, rendent-elles compte autrement d’un univers traditionnellement masculinisé à outrance.
Women of the West rappelle à ceux qui l’auraient oublié que si la conquête de l’Ouest est singulière en nombre, elle est aussi féminine en genre !








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