L
a Bombe vient d'exploser. Gen est contraint d'abandonner son père, sa sœur et son plus jeune frère dans l'incendie qui ravage leur maison. Il entraîne sa mère, sur le point d'accoucher, loin des flammes. Il faut désormais survivre dans un monde en ruine, quel qu'en soit le prix.
Ce deuxième tome, dont l'action se déroule sur quelques jours à peine, revient sur l'onde de choc qui a suivi ce bombardement. La majeure partie du récit suit un Gen qui erre dans les décombres, à la recherche de nourriture. Il y piétine les cadavres carbonisés. Il croise des silhouettes fantomatiques, la peau fondue, qui marchent sans but. Il s'agit sans doute de l'autre image marquante imaginée par Keiji Nakazawa. Là où l'impact de son cheval en feu est renforcé par son unique apparition, la procession douloureuse de ces pauvres âmes s'imprime durablement parce qu'elle semble indissociable des décombres. C'est à peine si leurs lamentations ne se mettent pas à résonner dans l'oreille du lecteur.
Durant ses recherches, le héros se retrouve confronté à plusieurs destins fracassés. Une jeune fille ouvre la bouche de chaque cadavre, espérant identifier celui de sa mère grâce à ses dents en or. Un soldat gravement irradié agonise et meurt en quelques heures. Une adolescente défigurée par la vague de chaleur veut se suicider, incapable de supporter son apparence, qui lui interdit désormais de réaliser son rêve de devenir danseuse. Une bande d'orphelins est prête à tout pour trouver de la nourriture. L'auteur commence à y explorer les traumatismes endurés par les survivants. Dans la dernière partie de ce tome, il aborde un autre aspect fondamental de son récit : l'ostracisation des rescapés par le reste de la population.
Lecture indispensable que ce Gen aux pieds nus, et il faut saluer l'initiative du Tripode de rééditer cette série, plus que jamais d'actualité.








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