Y
a-t-il question plus centrale que le contenu de nos assiettes ? Et, par extension, comment sont produites les denrées qui nous nourrissent ? Hugo Clément se lance dans une enquête sur l'agriculture, essentiellement au travers de son industrialisation et des conséquences sur l'environnement et la santé publique. Cette bande dessinée ne déroge pas au ton que le journaliste emploie dans ses reportages. Il va sur le terrain, illustre son propos par des témoignages pertinents qui évitent le sensationnalisme. Son point de vue est critique, privilégiant la dénonciation des dérives d'un système. Il se livre à un journalisme d'exposition, laissant plus volontiers la parole à ceux qui remettent en cause un ordre établi qu'aux défenseurs de ce dernier. Ses convictions sont connues et assumées. il n'entraîne pas le lecteur dans un traquenard écologiste. Il évite d'ailleurs le piège de la diabolisation, préférant soulever les questions qui lui semblent fondamentales. Il ne sert à rien de distribuer les bons et les mauvais points. Son ambition relève plutôt de l'amorce d'un dialogue sur la base d'un état des lieux qui n'est guère reluisant.
Au fil des chapitres, un point de vue émerge, documenté et présenté avec un souci marqué de pédagogie. Les auteurs développent un récit cohérent et édifiant à plus d'un titre. Ils explorent les différentes phases de l'évolution de l'agriculture depuis la préhistoire jusqu'à nos jours, ainsi que l'impact sur l'humanité. La narration très fluide permet d'exposer les enjeux avec beaucoup de clarté. Malgré la profusion de textes, Dominique Mermoux parvient à maintenir la lisibilité de l'ensemble. Il convient de souligner que la lecture reste toujours agréable. Si le constat est globalement préoccupant, ce livre refuse malgré tout de sombrer dans le catastrophisme. Au contraire, il préfère proposer des débuts de solutions, à la portée de tous. Il ne promet ni le paradis, ni l'enfer. Il en appelle juste à la conscience de chacun, sans moralisme.







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