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n mars 1476, Louis XI reçoit la reddition du duc Jacques de Nemours, après un long siège de la forteresse de Carlat. Le roi ordonne un procès équitable pour cet homme qui l’a autrefois accompagné et avec lequel il a temps de fois joué aux échecs. Il n’était alors que le dauphin, âgé d’à peine treize ans, lorsqu’il a rencontré pour le première fois le fils de son précepteur, un peu plus jeune que lui. Très vite, Jacques s’est trouvé dans le parage de Louis et a partagé les moments importants de son existence : mariages, rébellions contre Charles VII, exil à Bruxelles, puis sacre. Avant de trahir et de rallier les nobles mécontents derrière Charles le Téméraire.
Surnommé « Universelle Aragne » par ses opposants et détracteurs, Louis XI (1423-1483) est plus rarement appelé « le Prudent ». De fait, la légende noire qui l’entoure en a fait un monarque rusé, calculateur et cruel ; pourtant, le regard porté par les historiens aujourd’hui met plutôt en relief un fin diplomate sachant tisser un réseau d’alliances profitables.
Après Robespierre, le sphynx mélancolique avec Simone Gabrielli, Makyo (Je suis cathare, Le maître de peinture, Les deux cœurs de l’Égypte) retrouve Jean-Édouard Grésy, avec lequel il a déjà œuvré sur Janvier. Le jour où nous avons été applaudi (éditions du Rocher, 2025) et La solution pacifique. L’art de la paix en Nouvelle-Calédonie (Delcourt, 2021), pour se pencher sur le cas du monarque français.
Débutant avec l’annonce de la capitulation de Jacques d’Armagnac, duc de Nemours, ancien favori devenu adversaire, le récit navigue entre l’instruction du procès contre ce dernier et plusieurs flashbacks visant à éclairer sa relation avec Louis XI et à déterminer les motivations de sa trahison, mais aussi depuis combien de temps le traitre aurait mené un double jeu. Les années d’une amitié née à la fin de l’enfance balaient ainsi une succession de moments importants et mettent en avant le regard que le noble déchu porte sur son souverain, ses actions et ses choix, ainsi que sur l’évolution du royaume de France et des rapports avec les autres puissances. Ce choix scénaristique assure une bonne dynamique et permet de casser la linéarité, parfois pesante, d’une biographie classique. Toutefois, malgré des dialogues et explications fournis éclairant plutôt bien les enjeux, il est dommage que certains aspects restent rapidement effleurés ou que le portrait de certains acteurs-clés, à l'instar de Charles le Téméraire, souffre d'un traitement un brin caricatural. Finalement, l’équilibre délicat du lien entre les deux hommes au centre de cet album trouve son point d’orgue dans une ultime partie d’échecs en tête-à-tête durant laquelle chacun peut exprimer le fond de son cœur.
Sous la belle couverture à dos toilé, l’histoire est animée par le dessin de Francesco de Stena que relèvent une mise en couleurs à quatre mains, Marco Ferraccioni et Degreff se partageant la tâche sans que la transition ne transparaisse vraiment. Pour intégrer la densité des échanges et du propos, les planches sont découpées en cases nombreuses, mais adroitement articulées et jouant sur la disposition et les cadrages. Par ailleurs, le travail fourni sur les décors et les détails vestimentaires est appréciable ; de même, les scènes de combat se révèlent dynamiques et bien restituées.
Fort d'une centaine de pages, Louis XI, l'universelle araignée est un album consistant et bien documenté. Il saura nourrir l'amateur de récits historiques qui devra quand même s'accrocher pour arriver jusqu'au bout.








C'est dommage de gâcher un si beau sujet. En effet, Louis XI était un roi tellement atypique.
Mais cette BD qui sent la commande réalisée sans conviction, est si pénible à lire que je n'ai pas pu la terminer. On s'ennuie tellement ...que l'on a envie de passer très vite à quelque chose de plus stimulant ...
Allez vite fait sur Rakuten pour oublier.