À la rercherche du vent perdu

M arcel revient à Combray-sur-Mer, petit village côtier où, des années auparavant, il avait passé un été chez sa tante. Malade et diminué, il est assailli de souvenirs et d’émotions dès la porte du jardin passée. Enfant, c’est ici qu’il avait vécu des péripéties extraordinaires à la poursuite du vent. Oui, cette année-là, Éole s’était montré très capricieux et avait disparu. Équipé d’une boîte pour le capturer et le ramener au bourg, le jeune Marcel s’était lancé à sa recherche…

Album rempli de poésie et de tendresse, À la recherche du vent perdu entraîne le lecteur dans une série d’aventures, entre nostalgie et découverte. Après une entame très classique – un garçon débarque dans un environnement nouveau et apprend à le connaître -, la narration passe rapidement en mode fable (ou presque). Le vent s’est arrêté de souffler ! Comment faire voler son cerf-volant ? Et le moulin ? Allons-nous manquer de farine et, plus important, de madeleines pour le goûter ? Et cette demoiselle qui dit être la fille du meunier et que personne ne connaît ? Et ces pêcheurs, ils ne seraient pas un peu pirates ? Et… ? Rêveries d’un enfant solitaire laissé à lui-même ou secrets inavouables d’une communauté vivant refermée sur elle-même ? Un peu des deux, qui sait ? Yannick Hatton déploie son récit sans se soucier du qu'en-dira-t-on, avec espièglerie et un talent de conteur certain. Surtout, il arrive tout au long de l’ouvrage à conserver et à faire planer le doute : fantaisie ou réalité ? À chacun de choisir son chemin préféré.

Visuellement, le dessinateur se montre techniquement au point et son approche à l’aquarelle s’avère élégante et en harmonie avec le ton général des propos. Par contre, impossible de ne pas voir l’écrasante influence d’Emmanuel Lepage sur les planches. Il n’y a pas une seule case qui ne renvoie pas à un cadrage ou à un coup de pinceau de l’auteur de La terre sans mal. Pas de plagiat ou de simple recopiage pour autant, l’univers développé dans À la recherche du vent perdu est totalement original. Cependant, le constat est indéniable, Hatton n’arrive pas s'éloigner du style de son confrère et développer son propre langage graphique.

Charmante histoire au ressenti palpable, À la recherche du vent perdu recèle également son lot de références (culturelles et à l’actualité) et de surprises. Un très joli résultat sur le fond ; quant à la forme, si techniquement elle maîtrisée, il est impossible de ne par remarquer une manque flagrant de personnalité.