La couverture du quatrième tome a-t-elle été particulièrement difficile à réaliser ?
Félix Delep : Équilibrer une image dominée par le rouge n’était pas simple. C’est une couleur capricieuse, qui s’assombrit vite et perd de son éclat. J’ai longtemps cherché le bon équilibre. J’ai aussi mis du temps à trouver le thème de cette couverture. Il y a eu beaucoup d’allers-retours, et une fois lancée, j’ai eu du mal à avancer. Ce genre d’image, je n’en fais qu’une tous les deux ans ; il faut se remettre dans le bain à chaque fois.

Il y a six ans, en 2019, vous avez reçu le BDGest'Art du meilleur premier album à Angoulême. Six ans plus tard, la série s’achève. Que retenez-vous de cette aventure ?
F.D. : Beaucoup d’apprentissage. Sur le plan graphique, j’ai affiné ma méthode et trouvé des codes visuels qui me permettent d’aller plus vite tout en gardant la richesse du dessin. J’ai eu l’impression d’arriver, avec le tome 4, à une forme de maturité. Quitter ces personnages a un goût doux-amer ; je les ai accompagnés longtemps.
Avez-vous abordé ce dernier tome différemment, sachant que c’était le dernier ?
F.D. : Oui, je voulais vraiment conclure la série dignement. J’ai donc fait un storyboard complet et détaillé, du début à la fin, ce que je n’avais jamais fait auparavant. Cela a demandé du temps, mais c’était nécessaire pour donner à l’album toute sa cohérence émotionnelle.
Votre collaboration avec Xavier Dorison a-t-elle évoluée au fil des tomes ?
F.D. : Oui, un peu. Sur la mise en scène surtout. Xavier reste le scénariste principal, mais nous échangeons beaucoup. Il a d’ailleurs entièrement réécrit les deux derniers tomes après le deuxième, changeant profondément la trajectoire. À l’origine, Silvio faisait un pacte avec les loups et finissait dévoré !
Vous formez un duo très complémentaire avec Xavier Dorison...
F.D. : C’est quelqu’un d’extraordinaire, humainement et artistiquement. Il raconte des histoires d’une grande profondeur, sans manichéisme. Travailler avec lui est une chance.
Le final du tome 4 est très émouvant. Était-ce difficile à dessiner ?
F.D. : Oui, vraiment. J’étais ému en dessinant les adieux. C’est une conclusion forte, et j’attendais les premiers retours avec appréhension.
L’ambiance lumineuse du tome 4 est très différente, plus estivale. Était-ce un plaisir de changer de palette ?
F.D. : Complètement. Après les tons froids et neigeux des précédents, travailler la lumière de l’été était rafraîchissant. J’ai cherché à synthétiser davantage les décors sans perdre en richesse visuelle. C’est une évolution de mon dessin.

Vos personnages ont aussi évolué, non ?
F.D. : Oui, les chatons ont grandi, Miss B a vieilli. Mon trait a évolué avec eux ; j’ai cherché plus de subtilité dans les expressions, moins de caricature. Les émotions passent mieux aujourd’hui.
Quel personnage avez-vous pris le plus de plaisir à dessiner ?
F.D. : Les chatons ! Ils sont expressifs, mignons et agréables à dessiner. César aussi, même si sa houppette m’a longtemps posé problème !
Vous ne vous êtes pas lassé de dessiner des animaux ?
F.D. : Pas du tout. J’adore ça. Les animaux me manqueront même ! Mon prochain projet mettra en scène des humains, mais je garde une tendresse pour ces bêtes.
Pouvez-vous en dire un mot ?
F.D. : Très brièvement. Ce sera une fable, dans un univers un peu fantastique, proche d’un Ghibli. L’histoire mêle politique, romance et réflexion sur la technologie. Et oui, c’est encore un scénario de Xavier Dorison !
Lors des séances de dédicaces, quel personnage vous demande-t-on le plus ?
F.D. : Miss B, sans surprise. Puis Silvio, et les chatons. César aussi revient souvent depuis le dernier tome.





