E
mpire romain, premier siècle. Capturée par la Légion en Britannia, Assa a été emmenée à Rome et vendue comme esclave. Elle appartient désormais à Probus, un des hommes les plus importants de Pompéi. Même si elle continue de rêver de retrouver les siens, elle est bien obligée d’accepter son sort. Toutefois, celui-ci n’est pas prêt de s’arranger. En effet, après qu’Adrianus, le fils de la maison, soit tombé amoureux d’elle, la jeune femme est immédiatement revendue à un lupanar local. En arrière-plan et ignorant ces tourments, le Vésuve émerge tranquillement d’un long sommeil et la terre tremble déjà en prévision de son réveil…
«Pompéi est une œuvre de fiction, pas une BD à vocation documentaire» ; Rudi Miel et Fabienne Pigière annoncent dès la préface la nature de leur projet. Ils précisent également qu’ils s’appuient sur «des sources historiques afin de représenter la vie quotidienne de l'époque et les décors dans lesquels gravitent les personnages». Dont acte, depuis Alix, Murena ou, plus récemment, l’excellent Civilisations, ce genre a toujours été très apprécié par les bédéphiles.
Retranscrire le plus fidèlement une période disparue, reconstituer des habitudes de vie, des bâtiments, des intérieurs et des costumes, tout en proposant un récit prenant ayant quelques résonances avec des faits avérés, la difficulté est de trouver le bon équilibre entre imaginaire et «réalité». Pour Pompéi Assa, Paolo Grella a pu s’appuyer sur les fabuleuses ruines préservées pendant près de deux mille ans par les cendres de la célèbre éruption. Peintures colorées, instantanés touchants figés pour l’éternité et les innombrables objets conservés comme neufs lui ont permis de faire revivre la cité. Et c’est sans compter sur les nombreux témoignages écrits, à l’image de l’extraordinaire description laissée par Pline le Jeune, le célèbre historien antique présent sur place au moment de la catastrophe.
Conséquemment, le résultat visuel est des plus probants. Le style classique de Grella est au point. Quelques emprunts à Milo Manara se font bien remarquer ici ou là, mais sans que l’ensemble n'en souffre trop. Les connaisseurs reconnaîtront et apprécieront les nombreuses références à des fresques existantes et le soin apporté par le dessinateur afin de dépeindre ces temps anciens de la plus juste des manières.
Au niveau du scénario, la situation est différente, malheureusement. Personnages caricaturaux et stéréotypés au possible, narration hachée entrecoupée d’ellipses maladroites et, globalement, un manque total d’originalité ou de psychologie font que la lecture s’avère peu enthousiasmante. En résumé, si le côté visuel, fort d’une réelle énergie, est au point, celui-ci est très mal servi par une écriture sans relief, n’exploitant en rien le potentiel dramatique de cette tragédie humaine. Dommage.
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