L
e 20 septembre 2011, à Laguna Beach en Californie, une équipe de reporters interviewe Alan Cole. Ce vieil homme, ancien psychiatre s'étant engagé à servir dans l'armée assiste de chez lui à l’abrogation de la loi "Don't ask, don't tell" qui interdisait aux homosexuels de s'engager dans l'armée.
1941, après l’attaque de Pearl Harbor, les USA recrutent. Sous la pression de son beau-père, un ancien général résolument viriliste et conservateur, Alan devient examinateur pour les nouvelles recrues voulant servir sous les drapeaux. Sa mission est simple : trier, sélectionner et mettre au ban les "mauvais éléments". Par cela, il faut avoir à l'esprit que les minorités sexuelles sont interdites dans l'armée par la loi. Ce travail met mal à l'aise le jeune médecin, d'autant plus qu'il cache sa véritable inclinaison à tous, pensant que son mariage à venir sera une bonne chose. C'est la rencontre avec l’exubérant Mele Gore qui va l'amener à s'accepter, non sans mal, dans la société puritaine des années quarante.
Habitué des récits historiques, Alcante signe avec G.I Gay un récit sous la forme d'un témoignage fictif, pour révéler ou rappeler l'existence d'une loi de ségrégation sexuelle peu connue du grand public. C'est par hasard qu'en 2009, le scénariste tombe sur un article de presse relatant que le président B. Obama s'engagea à intervenir pour abroger le Don't ask, don't tell. Durant des années, ce texte a contraint des milliers d'homosexuels à devoir se cacher s'ils voulaient combattre ou travailler dans les rangs de l'armée américaine. Le cadre temporel, la Seconde Guerre mondiale, est pertinent car il correspond au moment où la pression sur les homosexuels était la plus forte. "Soignés" à coup de thérapie électrique dans les hôpitaux psychiatriques, quand ils n’étaient pas simplement jetés en prison, les gays ont terriblement souffert.
Le second conflit mondial s'inscrit en arrière-plan pour suivre les troupes étasuniennes, du recrutement jusqu'aux combats sur le front. L'auteur utilise ce matériau tragique pour bâtir une intrigue dans laquelle deux personnages vont se rencontrer et s'aimer en dépit d'un contexte où le danger peut venir de l'intérieur comme surgir de l'extérieur. L'idée est intéressante, mais le duo n'échappe pas à une forme de stéréotype. Les lecteurs suivent d'abord un médecin timide et sous pression, soucieux de rester sous les radars. Mele, la tête brûlée, se cache de moins en moins et fait office de mentor pour Alan qu'il invite à assumer son orientation sexuelle.
Les dessins de Bernardo Muñoz sont réalistes. Il fait passer une large gamme d'expressions sur les visages, ce qui contribue aux moments d'émotion qui jalonnent l'album. Le découpage est précis et varié, allant du classique à la pleine page (soldats marchant dans la jungle avant de se faire mitrailler au titre des réussites), voire audacieusement métaphorique (l'impact sur un glace ; dans chaque impact se trouve des moments vécus par Alan). A noter, le retour en quatre strips sur l'interview du début d'album pour un résultat saisissant.
Servi par d'élégants dessins, G.I Gay est un récit rappelant une réalité historique probablement oubliée et surtout ignorée, avec une dose de bons sentiments et d'émotions.
J'ai eu du mal avec cette BD! Je ne suis pas vraiment entré dans l'histoire, tant ça me semble décalé par rapport aux images que l'on peut se faire de l'homosexualité, de la guerre et de ses officiers obtus. Autant de sujets qu'approchent les auteurs mais qui m'ont perdu car c'était trop.
La relation entre le G.I. farfelu et cet officier psychiatre, rigide mais dévoué à ses patients, me semble peu crédible, tout comme la manière dont ce dernier fait son coming-out.
Je me doute qu'il y a eu de la souffrance à cette époque chez les gays de se trouver ostracisés, mais pas sûr que cet album, avec ses défauts, serve bien cette cause.