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La muette Drancy, un camp aux portes de Paris

25/04/2025 203 visiteurs 7.0/10 (1 note)

L e 20 août 1941, avant l’aube, les rues et les bâtisses du 11ème arrondissement de Paris résonnent du bruit des moteurs de fourgons et du martèlement de poings sur les portes. Des policiers français, encadrés par les occupants nazis, arrêtent des centaines d’hommes, âgés de 18 à 50 ans. Leur tort ? Être juifs. Certains sont français, d’autres polonais, allemands, russes, tchèques, bulgares ; célibataires ou mariés, ils sont parqués à la cité de la Muette, à Drancy. La configuration en U de cette entité qui aurait dû devenir une résidence pour des familles aux revenus modestes en fait un lieu idéal pour une prison. Béno, Nissim, Nathan, Jean, Jakob et quatre mille autres s’y retrouvent entassés. Très vite, ils sont assaillis par la faim, les poux, la gale et livrés aux exactions de leurs bourreaux. La survie s’organise. Au fil des mois, les arrivées se succèdent alimentées par les rafles qui concernent désormais aussi les femmes et les enfants. En parallèle, des convois se multiplient en direction de l’Est. L’espoir tient dans un colis ou un mot transmis, et dans « Radio chiottes » : la soupe sera plus épaisse, les Soviétiques avancent vers Berlin, les Alliés ont débarqué. Mais, eux, verront-ils le prochain jour ? Leur nom ou celui d’un proche apparaîtra-t-il sur la liste du prochain train vers la mort ?

65.000 personnes ont transité par le camp de Drancy avant d’être déportées. Alors que les derniers survivants de la Shoah s’éteignent, il était temps qu’une bande dessinée se penche sur la véritable plaque tournante qu’a constitué la cité de la Muette dans le processus d’élimination systématique des Juifs, durant la Deuxième Guerre mondiale, et sur le rôle joué par l’État français et ses forces de l’ordre dans ce manège mortifère. Paru chez La Boîte à Bulles, début avril, l’album cosigné par Valérie Villieu (Little Joséphine, Deux hivers, un été), Simon Géliot (Le jour d'avant, Codine, Benigno. Mémoires d'un guérillero du Che) et Philippe Marlu (Brumes, Traversées, la route de l'aventure, Fêtes himalayennes) retrace les années sombres du lieu et ravive le souvenir de ceux et celles qui y ont été internés. L’historienne Annette Wieviorka, spécialiste de la Shoah et de l’histoire des Juifs au XXème siècle, en signe la préface.

Le récit débute par une introduction d’une vingtaine de pages montrant comment l’existence de milliers d’individus a basculé du jour au lendemain. Ainsi, le ton d’abord insouciant malgré le contexte de l’époque s’assombrit d’un coup avec la rapidité des arrestations arbitraires ; le choc ressenti est palpable. Puis, entre coups de matraques et insultes, la cité de la Muette transformée en gigantesque prison se dévoile aux malheureux internés. Béno, Nissim, Jean, Nathan et tant d’autres découvrent alors les longs bâtiments sur quatre étages, les tours et les miradors, le dénuement extrême des lieux, l’absence d’installations sanitaires et du moindre confort. Au fil des pages, leurs destins, souvent touchants, s’entrecroisent et se complètent. À travers eux, le propos s’attache à raconter au mieux le quotidien des prisonniers ainsi que l’organisation du camp et son évolution entre 1941 et 1944. Il en retrace la chronologie, la logique d’emprisonnement de Juifs provenant de toutes les classes sociales et de toutes origines. Dates et chiffres ponctuent implacablement arrivées et déportations, comme une longue litanie permettant de saisir l’ampleur de l’entreprise nazie et son accélération. Le rôle de la Croix Rouge et de l’UGIF (Union générale des Israélites de France) en vue d’améliorer les conditions de survie de la population est également abordé. En contrepoint, il est aussi question des nombreuses humiliations et brutalités commises à la fois par les surveillants français et les forces allemandes. Le récit s’arrête notamment sur les figures des principaux responsables et tortionnaires qui se sont succédés : Theodor Dannecker, Heinz Roethke et Aloïs Brunner, metteurs en œuvre de la Solution Finale, ainsi que le capitaine Vieux qui abusait volontiers des prisonnières.

En parallèle, le scénario bénéficie d’un graphisme et d’une mise en couleurs en parfaite adéquation. En effet, le trait lâché de Simon Géliot anime des silhouettes expressives et bien caractérisées, tandis que ses cadrages restituent au mieux les émotions des protagonistes, les instants de camaraderie solidaire, le déchirement des adieux sans retour et l’ambiance générale. Pour renforcer cette atmosphère, Philippe Merlu a choisi une bichromie où le gris mâchefer s’étale, transposant ainsi visuellement l’horizon terne qui était celui des prisonniers du camp.

Bien documenté et réussi dans sa réalisation, La Muette ouvre une fenêtre sur une des pages les plus sombres de l’histoire française contemporaine : celle de l’arrestation, de l’internement et de la déportation de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants du fait de leur religion. Un album nécessaire, à découvrir et partager pour que la mémoire de ces événements et de ces vies arrachées perdure.

Par M. Natali
Moyenne des chroniqueurs
7.0

Informations sur l'album

La muette
Drancy, un camp aux portes de Paris

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