Urbex : contraction de l'expression anglophone Urban exploration. Autrement dit, explorer des lieux abandonnés en zone urbaine pour le simple plaisir de la découverte et, parfois, exposer le résultat de ses pérégrinations sur les réseaux dits sociaux via des photos souvent très travaillées.
C'est à cette activité, connue de tous les ados en vacances depuis des lustres et revenue dans l'actualité depuis une décennie avec l'explosion d'internet que Julie et Alex, les héros de cette nouvelle série du Lombard, s'adonnent une fois la nuit tombée. Mais lorsque l'un de leurs terrains d'exploration s'avère être mystérieux et... volatile, le duo s'interroge. Entre leurs capacités physiques décuplées et les visions qui les frappent, les jeunes gens décident de creuser la question. Avec un tel contexte, Vincent Dugomier n'a pas choisi la facilité pour ce qui constitue la base de son histoire. Pourtant, l'intrigue qu'il a imaginée capte l'attention de ses lecteurs grâce aux questions qu'elle amène même si parfois, celles-ci peuvent rendre, pour les plus impatients, la finalité hermétique.
Dans la veine des Démons d'Alexia, même si le cadre et le propos différent, le scénariste des Enfants de la résistance propose un récit qui ne livre pas tous ses secrets d'emblée. Il est cette fois accompagné de Clarke (Mélusine, Réalités Obliques) au dessin. L'association se révèle judicieuse tant le trait, la belle utilisation des noirs et le style vif du dessinateur font mouche. L'ambiance devient vite énigmatique et l'enquête tient en haleine tout au long de ce premier opus. Celui-ci fait plus que poser les bases d'une trame prévue en trois tomes. L'ambition affichée, dans les thèmes abordés comme dans la narration, avec une voix off dont l'origine constitue à elle seule un point central dès les premières cases, est servie par une gestion du suspense et du rythme qui rendent la lecture plaisante de la première à la dernière planche et sa révélation...
Jouant parfaitement de l'ambiguïté de leur construction et sur les mystères qui viennent étoffer leur récit, Clarke et Vincent Dugomier proposent avec Villa Pandora une entrée en matière prometteuse. Nul doute que ce duo, rompu aux séries tous publics prenantes, saura surprendre avec la suite. En tout cas, elle est désormais attendue !
Les explorations urbaines (dit urbex) peuvent parfois donner lieu à diverses aventures sur un terrain assez fantastiques surtout quand il s'agit de visiter de nuit et sans autorisation des lieux généralement inaccessibles au public. C'est le cas d'Alex et de Julie qui vont être confrontés avec les spectres de deux jeunes filles dans un manoir abandonné.
Oui, les bâtiments désaffectés peuvent receler de vécu et surtout de secrets. Beaucoup d'urbexeurs s'intéressent aux questions du patrimoine et considèrent que l'urbex peut permettre de préserver l'histoire et la mémoire des sites. D'autres comme notre couple d'héros le pratique pour le goût de l'aventure. Il est vrai que l'ambiance va vite virer du fantastique à l'horreur au film de la progression de ce récit. Il y aura une mise en tension pour une forte montée d'adrénaline.
J'ai en tous les cas bien aimé cette aventure qui ne prend pas les jeunes pour des demeurés. Il y a tout ce qu'il faut pour une mise en tension avec une introduction assez dynamique et des plus réussies pour nous mettre dans le bain de ces explorations nocturnes.
Le graphisme assez moderne ainsi que la colorisation réussie apportent beaucoup de dynamisme à cette lecture qui deviendra fluide et agréable à suivre. Bref, c’est une lecture que je vous conseille chaleureusement.