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Dix secondes

10/03/2025 2067 visiteurs 6.5/10 (2 notes)

P etite ville de Belgique, début des années nonante. Marco, lycéen, traîne son blues en attendant d’y voir clair. Son passé, l’enfance, est déjà de l’histoire ancienne et son futur, nébuleux. Quant au présent, c’est le néant, le trou noir, l’abîme. Les vieux potes sont bien là, heureusement. Par contre, jouer à la console ou faire des virées dans les bois, ce n'est pas très excitant à la longue. De plus, il y a Oli «Schmet» et sa bande qui sont apparus dans le paysage, ce sont des gars qui osent des trucs nouveaux. Bitures variées, découvertes des paradis artificiels et, avec de la chance, attirer l’attention de Zoé, Marco va se concentrer sur ce qui lui paraît être essentiel. De toute façon, ça ne pourra pas être pire que ses parents ou l’école.

Dès le début de sa carrière, l’adolescence a toujours été le sujet de prédilection de Max de Radiguès. Explorer les sentiments contradictoires générés par l’approche de l’âge adulte et décrypter les mécanismes sous-jacents de la construction (ou la déconstruction) des personnalités, c’est un peu la même histoire qui se répète immanquablement. Sous la forme du polar, du conte initiatique ou de l’autofiction à peine déguisée, l’auteur d’Un été en apnée ne cesse de rouvrir cette boîte de Pandore afin d’y voir un peu plus clair.

Un père absent, une mère dépassée, des facilités pour les études et rien, Marco n’est pas pire ou différent des autres. Simplement, il n’arrive pas à trouver sa place, aussi bien au sens propre que figuré. Alors, il tente, expérimente et, souvent, se ramasse. Des râteaux avec la fille qu’il pense aimer, en pièces détachées lors «d’exploits» acrobatiques insensés et infailliblement avec de belles gueules de bois carabinées. Chaque ouverture ou embellie est immédiatement occultée ou détruite par sa maladresse ou une absence de sens commun, cela va sans dire. Tout apprentissage passe par ces étapes. Reste à espérer qu’il réussira à rester entier et à passer le cap.

Ligne claire limpide, reconstitution «historique» aux petits oignons (décors, scooters, musique) et une montée dramatique puissante et implacable, Dix secondes est une lecture exemplaire et tellement évocatrice. Peu importe l’époque, il est impossible de ne pas se reconnaître dans cet album aux réminiscences universelles.

Par A. Perroud
Moyenne des chroniqueurs
6.5

Informations sur l'album

Dix secondes

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    Blue boy Le 27/04/2025 à 21:49:15

    On ne sait quelle est la part autobiographique de ce récit, mais on peut penser que Max de Radiguès y a mis de lui-même. En effet, l’histoire se déroule vraisemblablement dans la Belgique des années 90 (parmi d’autres références à la pop-culture de cette période, les kids jouent à la console mais le téléphone portable n’existe pas encore), et l’auteur, né en 1982 en Wallonie, était alors un adolescent. Avec « Dix secondes », il dresse à travers Marco le portrait d’une génération dans cette tranche d’âge entre deux eaux, où l’on n’est plus tout à fait un enfant mais pas encore un adulte, dans le cadre en apparence paisible de ces zones résidentielles bien rangées où il ne se passe jamais rien…

    Max de Radiguès appartient à cette catégorie d’auteurs en retrait des codes traditionnels de la BD. Son talent à lui est de dévoiler, à l’aide de sa ligne claire un peu frêle, et néanmoins très stylée, agrémentée de couleurs vives et « innocentes », le malaise rampant d’une société bien trop lisse pour être honnête. Et ce malaise vient principalement de Marco, ce teenager déconcertant qui ne devrait pas avoir trop de raisons de se lamenter, si ce n’était ce manque patent de communication avec ses parents (un père qui semble toujours être de passage, accaparé dit-il par un boulot « prenant », et une mère aimante mais totalement « à l’ouest », peu disposée à affronter une situation familiale quelque peu problématique) et cet amour qu’il voue à Zoé, malheureusement à sens unique… Comme pour se venger de cet état de fait, Marco s’en prend à lui-même, car Marco, bonne pâte, ne ferait pas de mal à une mouche. Marco se fait donc du mal à lui-même, torture son corps et à sa tête en s’infligeant de grosses bitures, engloutissant les pires mixtures qui passent à sa portée pourvu qu’elles soient alcoolisées, et pour être sûr d’être suffisamment défoncé, renforce son alcoolémie à coup de spliffs bien dosés… et ça ne s’arrête pas là puisque lorsqu’il reprend son scooter en pleine nuit, il aime à tutoyer le danger en fermant les yeux pendant dix secondes… l’accident survient presque toujours, mais comme dans une bande dessinée de Tintin, notre « héros » semble se relever à chaque fois sans une égratignure malgré des vols planés impressionnants… un vrai jackass le Marco !

    Alors n’allons pas dire que Marco est un modèle, c’est loin d’être le cas, et ce qu’il est vit est plutôt assez glauque voire déprimant. Et pourtant, allez savoir pourquoi, Max de Radiguès réussit à produire un récit plein de fraîcheur où les haleines alcoolisées sont tenues à distance, heureusement pour le lecteur d’ailleurs ! C’est très paradoxal mais ça doit être ça, le style Radiguès, et ça fonctionne à merveille. un peu comme si Quick (ou son copain Flupke…), avec quelques années de plus, avait croisé Charles Bukowski et Bob Marley sur sa route (mais sans jamais voir Jah).

    Il est malin, le Max, et sans avoir l’air d’y toucher, mais c’est une autre grille de lecture qu’on pourra éventuellement privilégier, s’efforce de montrer que le confort de nos sociétés modernes peut générer du mal-être, sur lequel ses victimes ne pourront pas forcément mettre des mots. Dans le cas de Marco, c’est un peu comme s’il était prisonnier de lui-même et de son image de gentil garçon, incapable d’exprimer le mal indicible qui le ronge et le pousse à commettre des actes suicidaires dans un contexte pourtant familier et rassurant. L’auteur ne nous livre pas de réponse mais se contente de montrer une réalité sous le prisme de son vécu, en évitant d’être démonstratif, sans jugement, d’où cette fraîcheur sans doute. Ainsi, il laisse le soin à chacun d’en tirer ses propres conclusions, notamment avec une fin qui peut laisser perplexe mais s’imprime sur nos rétines pendant longtemps. En cela, il fait confiance à ses lecteurs et c’est plus qu’appréciable.

    « Dix secondes », voilà un titre qui résume parfaitement cet album, évoquant la brièveté d’un coup de folie pouvant faire basculer une vie vers le néant absolu, reflétant par là même son absurdité. Max de Radiguès nous livre ici une étude sociologique sans prétention et qui sonne vrai, sous un angle original et faussement candide, assurément une bande dessinée à retenir pour cette année 2025.