A
ffirmant faire du repérage pour un film mettant en vedette Jean Gabin et Brigitte Bardot, Conrad Knapp se rend à Trougnac, un village de la France profonde. Beau parleur, il embobine tout le monde. Il faut dire qu'il dispose d’un argument de taille : une photo où on voit le postérieur de la déesse. Les habitants tombent sous son charme et semblent prêts à tout pour le convaincre de choisir leur hameau. Seule la jolie Julie voit clair dans son jeu.
Le scénario de Philippe Pelaez rappelle La grande séduction, une réalisation de Ken Scott où toute une agglomération se mobilise pour charmer un médecin. Il y a également du Marcel Pagnol dans cette histoire inscrite dans un arrière-pays polarisé où le châtelain se moque du prêtre, le communiste des résistants de la dernière heure et les grenouilles de bénitier des idées de grandeur du maire. Derrière toutes ces petites tensions, se cachent par-dessus tout de la solidarité et de la bienveillance.
Les fesses à Bardot constitue aussi, et surtout, un hommage au cinéma des années 1950. Le lecteur note que les débuts de chapitres citent des films, il remarque les affiches de productions enjolivant certains murs et se dit que l’homme d’Église (et ennemi du cinéma établi tout à côté de son temple) évoque Don Camillo. Et il y a fort à parier que l’exégète découvrira des allusions moins évidentes.
Le rythme apparaît lent, la trame plutôt mince et somme toute prévisible ; aussi, le bédéphile n’est pas véritablement certain de comprendre la motivation du charmeur. Et pourtant. L'auteur excelle à distiller un humour tendre, à créer une atmosphère remplie de bons sentiments et de gentillesse, sans se révéler cucul la praline… comme on l’entendait à l’époque.
Le dessin semi-réaliste de Gaël Séjourné se montre plaisant. La collection Grand Angle cherche à faire de la bande dessinée comme si c’était du cinéma et cet album remplit le mandat. Plan large, suivi de cadrages serrés des différents protagonistes, avant de conclure avec une vue d’ensemble ou encore les champs / contre champ, tout cela témoigne de la volonté qu’à cette collection d’adopter la grammaire du neuvième Art. La distribution est réussie, les comédiens ont la gueule de l’emploi et tous jouent juste.
Une lecture agréable, peut-être pas mémorable, mais très sympathique.
très bon moment de lecture plein de nostalgie pour une époque révolue où il faisait bon vivre en France
pour les amateurs de films en noir et blanc façon Don Camillo, de bons mots et sans trahir l'époque par une fausse modernité