T
akeru Todo, mangaka, s’est lancé dans une nouvelle série. Pour ses repérages, il se rend avec son assistant, Yu Hinata, dans un petit sanctuaire campagnard qui aurait été le théâtre d’étranges disparitions. Chacun y fait un vœu. Quelques heures plus tard, Takeru rencontre son attaché éditorial et subit une douche froide. L’homme l’informe que son projet d’histoire est voué à l’échec. Ne pouvant supporter ces critiques, l’artiste souhaite ardemment que son interlocuteur disparaisse. Ce dernier devient transparent ; mais Todo a à peine le temps de se rendre compte de son pouvoir que la situation dégénère, le contraignant à se débarrasser de l’importun. Au même moment, incendiée par le responsable auquel il a montré ses planches, Yu n’a qu’une envie : devenir invisible. Soudainement exaucé, il s’enthousiasme et appelle son mentor. Tout en camouflant son crime, celui-ci décide de faire de son disciple le héros de son nouveau manga. Une drôle d’aventure commence.
Objet d’une légende grecque et sujet d’un questionnement philosophique, l’anneau possédé par Gygès permettait à son porteur de se rendre invisible et l’exposait à un choix éthique : faire le bien et se montrer juste ou utiliser ce pouvoir pour mal agir impunément. Takahiro Katô (Humanimals) en reprend l’essence pour livrer un seinen mêlant suspense, fantastique et humour sur un fond horrifique. Dans ce premier volet, l’auteur s’attache à présenter le contexte et les personnages, tout en corsant déjà l’intrigue. Après la courte introduction dans le vieux sanctuaire, les événements s’emballent lorsque les deux principaux protagonistes voient leurs dons émerger. Leurs attitudes très différentes, le meurtre qui a lieu et la nécessité de le dissimuler nourrissent une grande partie de ce tome, tandis que les touches comiques permettent de faire diminuer la tension. Les dernières pages ravivent brusquement l’intérêt en laissant un Takeru tourmenté dans une nouvelle situation compliquée alors que Yu joue les électrons libres. Par ailleurs, le duo maître / élève fonctionne plutôt bien : les préoccupations de l’un trouvent leur contrepoint dans les naïvetés et l'enthousiasme juvénile de l’autre. Côté graphisme, le mangaphile retrouve ce double aspect, avec un dessin bien léché et expressif, ainsi que quelques cases au design plus caricatural.
Prévu en sept volumes, L’anneau de Gygès démarre de façon prometteuse. Un titre pour les amateurs de thriller glauque avec une touche de surnaturel.
Poster un avis sur cet album