«Ô ressources infinies de l'épaisseur des choses, rendues par les ressources infinies de l'épaisseur sémantique des mots !»
Francis Ponge
Les mots, la grammaire, l’orthographe et la conjugaison, la langue en résumé. Celle qui fait lien et civilisation, celle qui unit. Celle qui se métisse, mute et s’adapte aussi. Certains voudraient la protéger à tout prix et même la réserver à une élite. D’autres y voient le partage et la diversité. Bref, tout le monde a son avis et sa façon de l’utiliser. Évidemment, afin que les gens puissent se comprendre, des règles (et des exceptions) sont indispensables. Sans compter que, sur la longueur, des changements dus à des usages nouveaux nécessitent des mises à jour (du logiciel). Sinon, c’est la mort assurée, comme pour le latin. Au final, il faut se faire une raison, en dépit des dictionnaires, des dictées et de Monsieur Bescherelle, La sémantique, c’est élastique.
Dans ce second (ou deuxième) recueil de ses chroniques linguistiques parues dans l’excellente Revue Dessinée, James continue son exploration de notre parler. Il remonte aux temps antiques et fait se déplier les années pour suivre l’évolution des nombres et des chiffres (et des lettres). Au passage, il découvre que zéro s’appelait étrangement chiffre au départ. Il réalise aussi que les abréviations, largement utilisées dans les textos et les réseaux sociaux, étaient déjà en vogue au temps des Pharaons. Autre curiosité aux résonances plus contemporaines, des mots se révèlent être «gender fluid» et ça depuis des siècles, sans que cela n’ait jamais choqué qui que se soit !
Drôles, intelligents, parfois incongrus et toujours surprenants, ces mini-exposés s’avèrent captivants. Ils démontrent également que la construction d’un langage se fait en continu et soulignent surtout que la richesse et la vitalité d’un parler viennent de l’hétérogénéité de ses locuteurs. Une lecture passionnante et indispensable.
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