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élène, la cinquantaine, est de passage chez ses parents, pour partager le diner et souffler un moment loin de son mari violent. La visite est prévue pour être courte. C’est sans compter sur l’orage qui gronde et l’eau qui monte : les routes sont coupées et le séjour va durer bien plus longtemps que prévu.
Le huis-clos de la maison inondée est l’occasion pour Jean Cremers de creuser les relations entre les trois protagonistes, d’appuyer les non-dits et de prendre le temps de faire éclore les ressentis. Chaque sujet est abordé par petites touches. Ainsi, la violence conjugale subie par l’héroïne : le lecteur la découvre d’abord par les silences d’Hélène, puis ses attitudes lorsqu’elle en parle à demi-mots, avant d’en avoir la confirmation au moment où sont montrées les traces sur son corps et qu’elle libère sa parole. Chacun des personnages est décrit avec délicatesse et justesse. La vieillesse des parents, via la fatigue du père ou la maladie d’Alzheimer de la mère qui accompagnent tout le récit, est abordée sans mélodrame et avec douceur.
L'option d'une narration par les non-dits et les attitudes est rendue possible grâce à un dessin très juste qui permet de comprendre, sans dialogue, les sentiments des personnages. Plusieurs passages en disent énormément et font avancer le récit uniquement par l’image, avec des textes minimalistes qui vont même parfois jusqu'à s'effacer totalement, et cela sur une dizaines de planches de suite. Cette "économie" de dialogues apporte beaucoup à l’ambiance du récit.
Après l’orage se passe dans un décor bien plus resserré que les BD précédentes de l’auteur qui avait habitué son lectorat aux grands espaces. Ce choix du huis-clos est une véritable réussite qui démontre sa capacité à varier la forme de ses récits et donne envie de continuer à le suivre.
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