Y
oriko Murata et Haru Sudô, sont deux amies d’enfance séparées dans le Tokyo d’après-guerre ; Arthur Jirô Hashimoto et Scott Charles O’Connor, eux, sont du côté des vainqueurs ! Leurs destins vont se nouer ou se dénouer sur une partition à quatre voix…
Les guerres invisibles, écrit et dessiné par Marina Lisa Komiya, plonge, sur près de trois cent quarante planches de noir et blanc, dans la vie d’un quatuor de jeunes gens qui, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, s’efforcent d’être dans les canons sociétaux de leur époque.
L'auteure américano-nippone signe ici son premier album sur le vieux continent. Femme pour le moins engagée, elle milite pour l’émergence d’une identité altersexuelle à travers différentes performances comme celles sur les binarités hiérarchiques en horticulture ou la temporalité queer... De tout cela il est question dans ce manga ! Cependant, Marina Lisa Komiya délaisse un discours activiste pour s’inscrire dans celui du récit intimiste. Via ces quatre destinées singulières en une période plus que tourmentée, elle évoque finalement d’une seule et unique chose : la différence. Celle de la couleur de peau, de la langue, de la culture, des idéaux, de la sexualité comme de la manière de les assumer tout en essayant de s’immiscer dans une forme de normalité. Paradoxalement, la performeuse américano-japonaise choisit la voie de l’intime et de l’historique, deux espaces où ses héros avancent à tâtons, trébuchent, tombent, se relèvent avec une abnégation qui n’a plus cours aujourd’hui… La résilience et la fragilité dont font preuve Yori, Haru, Arthur ou Scott se retrouvent également dans le trait de la mangaka. Noir, fruste, parfois hésitant, il cultive une esthétique fort éloignée des joseïs/seinens ambiants pour privilégier l’expressif et l’introversion.
Les guerres invisibles s’attache au combat ordinaire de l’identité et non de l’identitaire. Ceci est fait de telle façon qu’il en relève de l’évidence !
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