Le journal de Samuel

8 mars, première entrée dans le journal de Samuel. Quelque chose le tracasse. Il ne sait pas trop à qui en parler. Alors, peut-être qu'en l'écrivant, ce sera plus facile. Basile a dit à tout le monde qu'il était amoureux de la Grande Julie. Ce n'est pas vrai. Enfin, si, un peu quand même. Mais personne ne le sait. Même pas son meilleur pote, Corentin. Alors, il va utiliser ce journal pour se confier et raconter son quotidien, y parler de ses amis, des petits drames et petites joies qui émaillent la vie d'un gamin de dix ans... et aussi parfois de la Grande Julie.

Au départ, Le journal de Samuel est une web série diffusée par Arte-TV. Le succès (plus de quarante-cinq millions de vues) fut aussi fulgurant qu'inattendu. Au fil des épisodes, l'autrice capture une multitude d'instants qui compose une mosaïque fragile et touchante. Elle installe progressivement le spectateur dans l'esprit de son personnage principal. Rapidement, une véritable proximité s'installe, tant les anecdotes font indéniablement écho à notre propre expérience. La grande justesse de l'ensemble tient aux nombreux détails qui émaillent le récit. Il est évident qu'Émilie Tronche a nourri son travail de ses souvenirs. Le résultat en devient criant d'authenticité.

La transposition du dessin animé en bandes dessinées n'allait pourtant pas de soi. Comment conserver son ton unique ? En effet, la magie de ces capsules trouvait sa source dans une alchimie très délicate. Une simple reconstruction à partir de captures d'écran, comme certains éditeurs qui ne visent qu'à tirer le maximum de profit à bas coût, aurait été vouée à l'échec. Comment reproduire le rythme si particulier de l'animation dans une séquence d'images fixes ? Comment transposer la poésie du mouvement lorsque le trait est figé ?

Émilie Tronche a parfaitement relevé le défi. Elle ne tente en aucun cas d'emprisonner l'univers qu'elle a créé dans des cases. Au contraire, elle laisse ses personnages se mouvoir librement dans des planches très aérées et leurs pensées flotter dans l'air. Cette grande liberté permet de conserver la délicatesse du récit. Il est délicieux de replonger dans cet océan de douceur. Dès les premières pages, Samuel prend vie. Il bouge, il parle, il pense... et il danse dans un petit flipbook intégré en bas de pages. Ce genre de petit rien confirme que cet objet n'est pas une simple déclinaison mercantile. Il s'agit d'une création à part entière, qui plaira autant à ceux qui sont familiers avec la capsule sur Arte-tv qu'à ceux qui ne l'ont jamais vue. Et, par les temps qui courent, cette bulle de tendresse est plus que bienvenue.