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raichement installée à New York avec mari et enfants, une jeune femme voit sa vie basculer lorsque son couple se sépare. D'un coup, elle passe du statut envié d'"épouse-mère" à celui de "femme-mère". Cela n'a rien d'anecdotique. C'est toute une nouvelle vie qu'elle doit apprivoiser, dans laquelle elle va devoir trouver l'équilibre entre maternité et épanouissement personnel. Pour cela, elle peut compter sur l'expérience et le soutien d'amies qui partagent la même situation. En revanche, il faut absolument éviter les conseils des célibataires sans progéniture. Ces dernières ne comprennent rien et ne font que leur faire regretter une époque plus douce.
Hardcore Maternity : Ces deux mots paraissent tellement antinomiques qu'il semble évident que ce titre dissimule un propos provocateur et anticonformiste. En effet, les autrices s'amusent à casser le mythe de la mère parfaite à travers une succession de saynètes qui confrontent les héroïnes à de multiples tentations : privilégier un verre en plus plutôt que de libérer la baby-sitter, envoyer balader les injonctions stupides qui les culpabilisent malgré tout, s'inscrire sur Tinder parce qu'elles manquent de sexe, maudire celles qui ne sont pas tombées enceintes
Le style graphique, tout en formes géométriques et aplats colorés, évoque irrésistiblement la presse féminine branchée. Les silhouettes présentent une allure quasi brutaliste, les corps s'articulent comme autant de modules dans des décors stylisés. L'irruption d'un slogan publicitaire pour une boisson gazeuse un peu folle ne surprendrait pas. Le parti-pris est fort et esthétiquement très efficace, d'autant que le mode de vie (rêvée) de ce groupe de copines semble tout droit sorti de Vogue ou Cosmopolitan. Le style visuel est élégant tout en évacuant cette douceur inconsciemment associée aux mamans. Il privilégie un style "pubard", les transforme en consommatrices avides d'épicurisme effronté et partisanes de l'abandon de leur fonction protectrice. Il illustre subtilement le décalage entre le désir d'idéal et la trivialité de la réalité. Il faut bien tenter de sauver les apparences, même si, derrière le vernis, tout est moins glamour. Malheureusement, derrière la note d'intention, le ton manque de mordant. Il aurait fallu pousser plus loin le curseur de l'ironie et oser davantage la transgression, parce qu'il est clair qu'il ne s'agit que d'une soupape qui consiste à feindre l'indignité pour supporter l'obligation de bien se comporter.
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