* * * Ciné-Club 129b = Panique (Duvivier 46) * * *

[sergent latrique]

Message précédent :
Film dans la babasse. Merci euh...

[lobo]

Merci euh...

[jolan]

Euh... merci

[sergent latrique]

Vu le film. J'ai appris sur un site qu'il manquait une (voire deux) bobine (perdue) dans le film tel qu'on le connait actuellement ce qui explique sa durée raccourcie et qu'il s'agissait de la première adaptation cinématographique du commissaire Maigret.
Critique à venir dès que j'aurai un peu de temps tranquille.

[lobo]

Je suis plutôt fan de Jean Renoir, voire très fan. La règle du jeu, la grande illusion, le fleuve comptent parmi mes films préférés of all time. Mais celui-ci me paraît très mal foutu. Impression accentuée par le fait que le son est mauvais et que j’entends très mal les dialogues. Il est raté mais il me touche quand même parce que Renoir y tente des choses. Avec l’intention, me semble-t-il, de rendre l’atmosphère glauque du roman de Simenon, il tourne dans des conditions exécrables, au milieu de nulle part, sous la pluie en extérieur, dans un garage bordélique, dans les bruits de moteurs pétaradants. Parmi les innovations, plus ou moins réussies, il y a ces séquences filmées à ras le trottoir autour d’un kiosque à journaux pour, par les affichettes de journaux, signaler une progression de l’action (« Maigret se rend sur les lieux du crime »), il y a aussi la course-poursuite en voiture où, malheureusement on n’y voit quasiment rien. Une autre séquence qui m’a intrigué c’est celle de Else et de la tortue, une tortue décorée qui évoque une excentricité célèbre du dandy Montesquiou-Fézensac.
Quant à l’intrigue, ne comprenant qu’un mot sur deux, ma compréhension n’en a été que partielle. Mais c’est aussi l’effet de son montage bizarre. Le sergent dit qu'il manque des bobines. Ca expliquerait ce côté confus. Mais sans doute Renoir n’a-t-il pas souhaité une intrigue entièrement claire où tout se dénoue à la fin. J’ai tout de même compris que tout ce petit monde du carrefour, des garagistes, au diamantaire en passant par le représentant de commerce, font des trafics en tout genre, et sont tous aussi plus ou moins défoncés à la cocaïne. Je m’étonne de cette image qu’il donne de la classe ouvrière, délinquante et toxico. On est très loin de cette classe ouvrière parisienne flamboyante et autogestionnaire mise en scène dans le crime de Monsieur Lange. Ce que je n’ai pas compris du tout, mais je compte un peu sur mes petits camarades, c’est le rôle des deux Danois, et notamment de la belle Else. C’est une ancienne prostituée de Hambourg, ai-je cru entendre, mais que fait-elle dans ce petit monde du carrefour ? Pourquoi Maigret lui reproche-t-il de coucher avec tous, garagistes et représentant de commerce ? Pourquoi joue-t-elle à son tour la séduction avec Maigret ? Et pourquoi Maigret commence-t-il par l’arrêter, pour finir par la libérer ?
Bref, un film plutôt expérimental, plutôt raté, assez pénible à regarder et à écouter mais que je suis tout de même content d’avoir eu, grâce au ciné-club de bdgest, l’occasion de regarder.
8/20

[lobo]

Je vois que jolan a changé son avatar en hommage à Frank Pé. C'est bien.

[jolan]

Rien à voir mais comme il s'agit d'un sujet passionnant, et que le topic du cinéma est pollué par les BA postées par machin et que ça n'y parle jamais de cinéma...



Bon, je vais mater le premier film maintenant

[sergent latrique]

La nuit du carrefour (Renoir 1932)
En 1932, Renoir n'est plus un débutant, il a déjà une belle filmographie en muet et même si le parlant est encore récent, ce n'est pas son premier film sonore, mais j'ai été déçu par ce film en dessous des capacités du réalisateur.
La nuit du Carrefour se situe entre La chienne et Boudu, d'un niveau bien supérieur, en donnant un impression d'inachevé, d'expérimentation. Inachevé, en partie à cause de bobines manquantes et qui fait que l'intrigue parait décousue (je n'ai pas compris grand chose à l''enquête aux rebondissements et à sa résolution ) et expérimental car Renoir utilise des techniques en dehors des sentiers battus, en voulant tourner en décor naturel (le garage, la route, les scènes nocturnes) et pas tout en studio, en prise de son direct (on entend des bruits sur la bande son, on voit des micros dans le champ, j'ai pensé à jolan!) et peut-être, participe dans cette tentative de modernisation et de film policier à la montée du film noir des années 30
(quelques mois à peine séparent La nuit du carrefour de Scarface de l'autre côté de l'Atlantique) faisant de Renoir probablement un précurseur du genre en France. Il y a un côté rude et brut qui aurait pu apporter du relief au film.
Le casting est très inégal, Pierre Renoir apporte la première personnification de Maigret, par conséquent sans contrainte par rapport à ses successeurs et je le trouve plutôt réussi, mais d'autres personnages secondaires sont assez mal joués, ou bien y avait-il une volonté de jeu naturel, mais c'est assez curieux..
Bref, pour un Renoir, j'en attendais beaucoup mieux et je le vois comme un essai non transformé qui aurait pu marquer le cinéma mais n'aboutit pas vraiment.
J'ai lu le livre il y a quelques années et je n'ai pas retrouvé l'intrigue, et j'ai découvert que le tournage en extérieur s'était déroulé pas loin de chez moi (on ne reconnait plus l'endroit maintenant évidement, des nœuds routiers étant venus depuis changer tout le paysage).
Petite note 6/20.

[sergent latrique]

je viens de lire lobo, on a eu cette même impression. Côté inventivité, j'ai bien aussi aimé cette succession de plans dont tu as parlé qui montre l'évolution du temps pendant l'interrogatoire avec le kiosque à journaux avec les titres du matin, de la journée et du soir.

[euh... si vous le dites]

Rien à voir mais comme il s'agit d'un sujet passionnant, et que le topic du cinéma est pollué par les BA postées par machin et que ça n'y parle jamais de cinéma...

Merci pour le lien vers la vidéo.
J'avais vu la vidéo originale sur laquelle celle-ci rebondit et c'est un bon complément?

[sergent latrique]

Petit aparté
Ah, je viens de voir que le batiment du carrefour est un restaurant que je cotoie depuis des années
Photo du film


Photo d'il y a probablement une dizaine ou une quinzaine d'années avant que des travaux soient faits (piquées sur cette page https://www.trussel.com/maig/carrefour-luc-f.htm)


Photo d'aout 2025 sur google map. Derrière le restaurant il y a un magasin de motos. Je pense que les occupants ne connaissent pas l'histoire.

[jolan]

La nuit du carrefour – Jean Renoir – 1932

Une vieille route de campagne grise sous la pluie, avec des poivrots qui jouent de l'accordéon dans un bistrot miteux : on n'est pas loin de Bèla Tarr en somme.
Bon, vous me connaissez, je ne suis pas du genre à critiquer quand c'est mauvais, mais là, quand même, il n'y a pas grand chose à sauver. On a un bel éventail de tous les défauts possibles et imaginables. Réalisation, décors, montage, narration confuse, scénario/enquête sans aucun intérêt, interprétation inexistante ou ratée (la danoise), dur...
Un bon petit Simenon gris et pluvieux, je ne disais pas non, mais là mes aïeux, un grand raté dans les grandes largeurs

0,8/20

[Olaf Le Bou]

Rien à voir mais comme il s'agit d'un sujet passionnant, et que le topic du cinéma est pollué par les BA postées par machin et que ça n'y parle jamais de cinéma...

Merci pour le lien vers la vidéo.
J'avais vu la vidéo originale sur laquelle celle-ci rebondit et c'est un bon complément?

Oui. C'est en partie une critique construite et assez argumentée de la vidéo LSOO, plus un prolongement en abordant des angles vues supplémentaires.

(Le type de LikeStoriesOfOld est le sosie vocal (aussi bien le timbre de voix que le débit et les intonations) d'un fournisseur ricain avec lequel je bosse, à un point que s'en est troublant)

[euh... si vous le dites]

Rien à voir mais comme il s'agit d'un sujet passionnant, et que le topic du cinéma est pollué par les BA postées par machin et que ça n'y parle jamais de cinéma...

Merci pour le lien vers la vidéo.
J'avais vu la vidéo originale sur laquelle celle-ci rebondit et c'est un bon complément?

Oui. C'est en partie une critique construite et assez argumentée de la vidéo LSOO, plus un prolongement en abordant des angles vues supplémentaires.

Je suis d'accord.
Et en fait, mon doigt avait rippé sur mon précédent message vu que je ne voulais pas écrire de point d'interrogation.

[nexus4]

Au niveau purement technique/immersion, je me souviens que lors de la scène d'ouverture de "Le Hobbit: un voyage inattendu" (rien de foufou, juste une scène de contexte, un jour comme un autre chez les villageois) j'avais été instantanément mal à l'aise par la définition de l'image. Les villageois, le décors, me semblaient trop réels, plus comme un documentaire, sans la "patine" du cinéma. Je pensais que c'était dû à l'UHD. D'autres amis, dans d'autres villes n'avaient pas eu cette sensation. Puis j'ai appris que la version distribuée les premiers jours en France était une version pas totalement finalisée, non pas en terme du montage, mais au niveau technique (pour je ne sais quelle raison). Ce n'est que récemment que j'ai eu, je crois, le fin mot de l'histoire. Dans une des vidéos d'Ecran Large, un des chroniqueurs fan d'Avatar 2 revient sur le process expérimental de James Cameron et comment ils avaient trouvé le moyen sur une même séquence de changer non pas la définition mais la fréquence de rafraichissement de l'image pour être hyper-réaliste à certains moment pour le piqué de la 3D et la baissant graduellement pour le reste de la scène en plan large (je le dis avec mots ).

C'est un problème que je retrouve de temps en temps dans certains films (la vignette de la vidéo m 'y a tout de suite fait penser) et surtout avec les télés 4K que je croisent parfois en magasin (qui jouent peut-être aussi sur la fréquence ?) où, que ce soit un guitariste, un manifestant interviewé, un joueur de tennis ou Kevin Costner qui descend de cheval, j'ai toujours l'impression qu'il va venir me marcher sur les pompes.

C'est aussi pour ça que je préfère regarder les films sur vieille ma télé "HD ready" (qui ne doit plus être du tout ready par rapport aux normes actuelles, si elle l'a jamais été pour quoi que ce soit) ou sur le mur qui me sert d'écran et qui, malgré le revêtement spécial, garde un grain qui atténue grandement ce phénomène d'image surproduite qui me gène tant.

C'est un peu mon vinyle à moi, mais vidéo.

Edit : Ah voilà, il s'agit du HFR.

[euh... si vous le dites]

La nuit du carrefour – Jean Renoir – 1932

Une vieille route de campagne grise sous la pluie, avec des poivrots qui jouent de l'accordéon dans un bistrot miteux : on n'est pas loin de Bèla Tarr en somme.

J'ai d'ailleurs lu que Bela Tarr s'était imprégné de l'ambiance de La nuit du carrefour avant de tourner son film L'homme de Londres. Pas étonnant.
Cette atmosphère qui se dégage dans de nombreuse scènes du film en constitue d'ailleurs la meilleure part. Le petit microcosme du carrefour, avec sa brume, sa pluie, ses coups de feu énigmatiques, ça fonctionne vraiment bien.
Je ne sais pas s'il manque réellement une ou deux bobines au film mais ce qui me semble manifeste, c'est que Renoir s'est un peu laissé dépasser par la confusion de son scénario. Bon, personnellement, ça ne me gêne pas trop, c'est pas vraiment ça qui m'intéresse. Quand tu regardes Le grand sommeil de Howard Hawks, tu comprends rien à ce qui se passe mais c'est quand même un chef d'oeuvre. Bon, La nuit du carrefour, c'est pas un chef d'oeuvre mais ses défauts me sont sympathiques, on voit que Renoir tente des choses sur l'ambiance sonore, le tournage en extérieurs,... qui devaient relever du défi dans le cinéma français de l'époque.
Je serai donc beaucoup moins dur que mes méchants acolytes.

Ma note : 12/20

[jolan]

La Nuit du Carrefour (Jean Renoir 1932) = 6,7

[lobo]

ses défauts me sont sympathiques, on voit que Renoir tente des choses sur l'ambiance sonore, le tournage en extérieurs,... qui devaient relever du défi dans le cinéma français de l'époque.

Bien d'accord. D'ailleurs j'avais dit

Il est raté mais il me touche quand même parce que Renoir y tente des choses

[sergent latrique]

Pour le sujet sur les images HD et le rendu à l'écran, je suis en phase avec nexus.
Des images hyper fines, lumineuses et sans relief me font l'effet d'être devant un téléviseur de démonstration dans un magasin ou d'un reportage documentaire. Il manque le grain cinéma et c'est assez paradoxal.
Bon, pour Panique, je l'ai déjà vu deux fois, je regarderai avec plaisir et là il n'y a pas d'intrigue policière inexplicable.

[euh... si vous le dites]

Pour le sujet sur les images HD et le rendu à l'écran, je suis en phase avec nexus.

Oui, cette sensation que plus on pousse vers l'hyperréalisme moins on donne une impression de réel.
C'est sans doute dû au fait que la technologie a dépassé les limites de notre capacité physique à appréhender le réel.
Ce n'est pas tellement que ce soit irréel qui nous pose problème, après tout les couleurs flamboyantes du Technicolor n'avaient rien de "réel" et ça ne nous dérangeait pas. Le problème, c'est que c'est trop réel et que, du coup, ça ne l'est plus du tout.

[euh... si vous le dites]

Le lien pour Panique :

[Révéler] Spoiler:

https://www.transfernow.net/dl/20251210ERF2ykT2