de Olaf Le Bou » 20/04/2025 11:11
Folle à tuer – Yves BOISSET – 1975
C'est effectivement pas bien fameux. L'image est très moche, mais c'est assez conforme à ce que fut l'irruption de la modernitude bon marché dans le monde occidental des années 70, la diffusion hégémonique et continue de la laideur, s'insinuant dans les moindres replis de la société. Ce film est un merveilleux voyage dans le temps, à cet égard. Une capsule temporelle.
Je n'ai pas lu le roman de Manchette, mais j'ai enchaîné le film et l'adaptation de Tardi, qui me semble davantage respecter le matériau d'origine. Et j'ai l'impression que le raté numéro un du film, c'est le script. Alors déjà ils changent plein d'éléments du déroulé de l'intrigue, rajoutent et enlèvent des personnages, soit. Mais ils changent carrément la personnalité de l'héroïne, la vide de toute sa substance. Par exemple, dans le film elle pique la bagnole du type qui l'a prise en stop pendant qu'il téléphone ; dans le bouquin, elle lui défonce la tronche à coups de cric puis le désape et déchire ses fringues. Là où dans la BD elle est une authentique rebelle, violente, en marge, elle se retrouve dans le film présentée comme un peu perturbée et neurasthénique mais totalement affadie et sans grande consistance. Et ce faisant, ils modifient en profondeur la portée de l'histoire. Ainsi que son rythme. Le film est lent, peu mouvementé, on passe un temps fou dans cette cabane de chantier, alors que le bouquin tend vers le road movie et la fuite en avant pleine de rebondissements.
De même, le personnage de Thompson, le tueur, est sous exploité dans le film, bien plus incarné dans le bouquin.
Le gamin du film est également une version affadie de celui du livre, mais il tient à peu près la route.
Bref, réalisation plate est sans saveur, acteurs peu investis ou mal choisis, script gentillet sans sous texte social, rythme mou et bancal, c'est très bof. Et la force du destin n'est également pas un choix bien heureux comme illustration musicale. C'est artificiellement plaqué sans raison valable.
6/20.
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux
Toujours subordonner le désir de juger au devoir de comprendre.