Frank Perry The swimmer (le plongeon) 1968
Le titre français de The swimmer, le plongeon est plutôt bien vu, car il apporte un sens diffèrent, une dimension que le titre original n'a pas.
Les images du film sont très axées sur la nature et le côté espace verts et tout au moins en première partie et la présence de Sidney Pollack n'y est sans doute pas étrangère avec ce côté nature et grands espaces, riviere, chasse pêche nature tradition…
L'idée de départ est séduisante et farfelue: rentrer chez soi en nageant de piscine en piscine, ce qui implique un réseau de piscine et de maisons cossues mais en premier lieu un réseau social dans une société de la bourgeoise "upper middle class". C'est le défi que s'est lancé Ned Merrill (Burt Lancaster), un homme dans la cinquantaine qui surgit chez les propriétaires en slip de bain. Curieuse idée qui ne semble pas étonner les personnes rencontrées et cependant, on se sent assez rapidement mal à l'aise avec ces hôtes aux grands sourires de façades, qui ont plus l'air de s'ennuyer devant leur piscine que d'être heureux au milieu de leur richesse et qui semblent passer leur temps en beuveries et autres fêtes.
Le malaise en premier lieu par ces sourires forcés, dont celui de Burt Lancaster, et des propriétaires de piscine puis petit à petit par les attitudes autour de Burt Lancaster, l'accueil glacial d'une vieille dame lorsqu'on comprend que le discours jovial cache des histoires moins idylliques (le fils, ami de Ned est décédé, du moins le devine -t-on..), ensuite, par l'attitude du nageur auprès de la jeune fille, qu'il entraine dans sa quête, et les réflexions du couple de nudistes sur sa situation financière. L'histoire prend un tournant et le narratif de l'épouse et de la famille modèle se fracture. Le suite est à l'avenant, dans une fête chez un autre riche, Ned se fait ejecter par son attitude équivoque après avoir chercher querelle en réclamant une carriole qui lui a appartenu, et enfin chez une ancienne maitresse qu'il relance maladroitement.
La fin est chaotique, traversée dangereuse d'une autoroute et une dernière étape dans la piscine municipale, sorte de descente aux enfers, ou loin des piscines des riches privilégiés, il est traité presque en intrus (il doit se laver et être inspecté entre les orteils !!) et au milieu la foule compacte des nageurs, sorte de parcours du combattant dans une progression difficile. Il rencontre au bord de la piscine des commerçants auxquels il doit de l'argent avant d'arriver enfin chez lui... et quelle fin.
Finalement, ce périple présenté comme une course farfelue est une sorte de conte moderne décrivant la descente sociale d'un homme tourné vers son passé et bloqué dans celui-ci.
J'étais assez circonspect dans les premières minutes du film, car je m'attendais à une histoire assez plate, avant que le film prenne ce tournant.
Ma note 12/20.