Ça y est, j'ai bu la coupe jusqu'à la lie. Slurp !...
C'est marrant, mais avant de me plonger dans la lecture de cette BD, j'aurais eu tendance à redouter — par réflexe — ce que tu pointes dans ta chronique (didactisme, dessin minimaliste, etc...). Mais une fois dedans, c'est l'effet inverse qui se produit, je suis captivé par la lecture.
Peut-être ai-je la chance de la lire au bon moment ? C'est quelque chose à prendre en compte pour ce type de bouquin (alors que ça joue moins quand il s'agit de relire un bon vieux Lucky Luke ou un Gaston).
J'ai été agréablement surpris d''entrer dans cette histoire aussi facilement, malgré son côté didactique que j'appréhendais un peu.
Convard a trouvé un ton et des astuces narratives qui me conviennent personnellement ; je suis happé par son récit, je me laisse conduire dans son univers, il redonne vie à des gens disparus depuis longtemps et dont les conditions de travail étaient le cadet de mes centres d'intérêts. Cette reconstitution permet de suivre à la fois la destinée de Maurice Maréchal, le fondateur du Canard mais aussi et surtout celle du journal et de ses membres à travers les nombreux scandales qui émaillent l'histoire de notre pays.
L'exercice est périlleux mais Convard s'en sort bien, grandement aidé par le crayon habile de Pascal Magnat. Les deux auteurs déploient pas mal d'efforts et font preuve d'ingéniosité et de créativité pour ne pas se précipiter vers l'écueil du livre rébarbatif.
Après, je comprends que ça puisse ne pas fonctionner avec tout le monde, comme Tardi quand il nous raconte la Guerre de 14-18. Il faut se trouver dans les bonnes dispositions pour entamer ce genre de lecture, mais ce n'est pas non plus un assommant traité d'anthropologie juridique comparée chez les Inuits et les Alakalufs.
A la différence du second bouquin sur le Canard (celui que tu n'as pas encore déballé), l'
Incroyable histoire a l'avantage de pouvoir se lire de façon linéaire. Une fois qu'on a entamé la lecture, on progresse alors comme dans n'importe quel récit ou BD, à moins de s'y mettre après minuit quand on tombe de sommeil.
Alors que le recueil d'articles et de dessins réalisé pour les 100 ans du Canard, on peut y piocher pour y revenir ; mais le piège consiste justement à lire trois pages par-ci, une page par-là, avec le risque qu'une fois refermé on ne pense plus à rouvrir l'album parce qu'on a l'impression (trompeuse) d'en avoir fait le tour. Ou on peut également se dire ?
"Je reprendrai cette lecture quand j'aurai un moment" et puis finalement on oublie, parce que chaque article est indépendant, autonome, et entre-temps on est déjà passé à autre chose.
