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Québec Attack !

Entretien avec Lerenard et Alex Puvilland

Propos recueillis par L. Gianati et C. Gayout Interview 10/12/2025 à 14:34 157 visiteurs

Entre hommage assumé aux comédies d’horreur américaines des années 80 et détournement malicieux des codes du genre, Thrillerville s’impose comme une bouffée d’air pop dans la production BD actuelle. Le scénariste québécois Lerenard et le dessinateur Alex Puvilland signent une œuvre généreuse, rythmée, et diablement visuelle — peuplée de monstres, de flics dépassés, de politiciens véreux et de vieilles dames intrépides. Derrière l’humour et l’énergie cartoon, le duo compose un univers cohérent, ancré dans une mythologie locale et un amour évident du cinéma de genre. Rencontre avec deux auteurs qui manient la dérision comme une arme narrative, sans jamais perdre de vue le plaisir du lecteur.

Parmi les nombreuses bandes dessinées de non-fiction, de récits introspectifs ou sombres, Thrillerville détonne ! Est-ce votre première bande dessinée ?

Lerenard : Oui, tout à fait. Au départ, je travaillais sur un autre projet, mais le scénario de Thrillerville s’y prêtait tellement bien que j’ai décidé d’en faire une BD. C’est une histoire très visuelle, très rythmée — un film aurait été trop lourd à monter, surtout avec plus de 200 pages d’action. En tombant sur le travail d’Alex, j’ai eu un véritable coup de cœur. Son style correspondait parfaitement à l’univers que j’imaginais. Dès qu’il a accepté, le projet est devenu ma priorité.

Ce n’est donc pas l’éditeur qui vous a mis en relation ?

L. : Non, pas du tout ! J’ai découvert son travail par hasard. Je ne connais personne dans le milieu, alors j’envoie mes scénarios un peu dans le vide (rires). Mais cette fois, le hasard a bien fait les choses.

Et vous, Alex, qu’est-ce qui vous a séduit dans le projet ?

Alex Puvilland : Le scénario ! Franchement, je reçois peu de propositions, et souvent ce n’est pas terrible. Là, j’ai ouvert le fichier en me disant : « Bon, je vais lire cinq minutes pour être poli », et j’ai tout lu d’un trait. Les personnages étaient vivants, les situations drôles et visuelles. Dès la première lecture, je savais que ce serait un plaisir à dessiner.

L’histoire repose sur trois arcs narratifs, trois « monstres » si l’on peut dire : un tueur en série, un Sasquatch et une créature aquatique. Comment avez-vous construit cette triple narration ?

L. : Avoir deux antagonistes clairement identifiés dès le départ, ça structure beaucoup le récit. D’un côté le Sasquatch, de l’autre le tueur en série revenu dans sa ville natale pour régler ses comptes. Autour d’eux gravitent des habitants, chacun avec son passé, ses secrets. C’est ce qui m’intéressait : doser les apparitions, faire exister ces personnages secondaires. Certains disparaissent vite — parfois violemment — mais ils laissent leur empreinte. Tout était clair avant même l’écriture : je ne commence jamais un scénario sans savoir comment il se termine.

Et pourquoi avoir choisi le Sasquatch plutôt qu’un monstre plus classique, comme un vampire ou un loup-garou ?

L. : Parce que le Sasquatch, c’est un mythe nord-américain. J’habite au Québec, donc ça me parlait. Je voulais un monstre ancré dans une réalité locale. Des gens croient vraiment à son existence, certains partent même à sa recherche ! Ça me permettait de créer un univers délirant, mais crédible. Et puis ça fixe des règles : les pouvoirs, les limites, le territoire. Thrillerville reste dans son bac à sable — une ville qu’on ne quitte jamais vraiment.

Alex, quel personnage avez-vous préféré dessiner ?

A.P. : Le Sasquatch, sans hésiter ! Et aussi Madame Market, la vieille dame du village. J’adore dessiner les personnages âgés : ils ont des visages expressifs, de la texture. En lisant le scénario, j’y ai trouvé des moments presque surréalistes, à la Daniel Goossens, avec des discussions absurdes et des situations hors-sol. Cette dimension décalée m’a beaucoup plu.

Et le Sasquatch sur un quad, ça vient d’où ?

A.P. : (Rires) À l’origine, il était sur une moto ! Mais j’avais déjà dessiné beaucoup de motos avant. Et puis vu la carrure du Yéti, une moto n’aurait pas tenu. J’ai donc proposé un quad : plus massif, plus crédible, et surtout plus drôle visuellement.

Parlons du « casting » des habitants de Thrillerville : le flic paumé, le politicien véreux, la journaliste, la vieille dame... Comment avez-vous imaginé cet ensemble ?

L. : Je voulais une galerie variée, comme dans un film choral. Chaque personnage devait servir le propos, avoir un sous-texte. Les deux héroïnes, par exemple, n’ont pas de flashback propre : elles découvrent la ville en même temps que le lecteur. C’est un moyen d’introduire l’univers. Et puis la ville elle-même est un personnage : sa géographie, ses lieux, ses distances. On a même dessiné une carte pour s’y repérer, comme un plan d’attraction touristique.

A.P. : Oui, c’était important que tout soit cohérent spatialement. On devait comprendre pourquoi les personnages ne réagissent pas toujours logiquement — parfois, c’est juste parce que le lac est de l’autre côté (rires).

Comment avez-vous travaillé à deux sur le scénario et le découpage ?

L. : J’ai écrit un scénario de long métrage, pas un découpage BD. Alex a donc storyboardé tout l’album.

A.P. : Oui, je voulais tout visualiser avant de me lancer. Une fois le storyboard complet, on a échangé avec Eric (Lerenard) et l’éditeur jusqu’à trouver la bonne mécanique narrative. C’est là qu’on a ajusté beaucoup de choses : clarifié des transitions, resserré des séquences. Quand tout s’est mis en place, on a eu ce sentiment de « maintenant, on tient le livre ».

Les dialogues sont très rythmés, avec beaucoup d’humour. Comment les avez-vous travaillés ?

L. : J’adore écrire des dialogues, c’est la partie la plus ludique. Mais il ne faut pas faire des blagues à tout prix. Il faut que ça respire, que l’humour tombe juste. On a coupé plusieurs gags pour laisser place à la tension. Et je réécrivais jusqu’au bout : deux jours avant l’impression, j’ai encore changé une bulle (rires) !

A.P. : Moi, je me considère au service du texte. Mon rôle, c’est de découper pour que le dialogue vive le mieux possible.

Les flashbacks ont un traitement graphique particulier. Comment avez-vous trouvé ce rendu ?

A.P. : Avec notre coloriste, Laurence Croix. On voulait que le lecteur distingue immédiatement le passé du présent. Elle a proposé une trichromie : chaque flashback a sa palette propre. J’ai ajouté des trames pour donner une texture de vieille BD. Même le papier a un blanc cassé pour renforcer l’effet rétro.

Situer l’action au Québec, c’était une évidence ?

L. : Oui, j’y vis, donc c’était naturel. Et puis le Sasquatch, c’est nord-américain. J’aimais l’idée de faire une histoire « locale », avec ses expressions, son accent, ses références.

Justement, comment avez-vous géré les expressions québécoises pour un lectorat français ?

L. : J’ai beaucoup adapté. Je voulais garder la couleur locale sans perdre la compréhension. Parfois j’ai remplacé un mot trop obscur, d’autres fois je l’ai gardé, mais sans astérisque explicatif — je déteste les notes de bas de page qui cassent la lecture. L’idée, c’est que tout reste fluide, même avec les québécismes et les anglicismes.

Parlons de la couverture, très réussie. Vous l’avez conçue ensemble ?

A.P. : Oui, et c’est rare que ça se passe aussi bien ! D’habitude, la couverture, c’est la galère : on est fatigués, il faut convaincre tout le monde. Là, Éric a dessiné un concept dès le départ, que j’ai repris tel quel. On a juste ajouté quelques personnages et... des lunettes à tout le monde (rires) ! Et Vincent Odin, notre directeur artistique, a validé immédiatement.

L. : Oui, et la coloriste Laurence a sublimé tout ça avec ce ciel rose improbable. Ce n’est pas une couleur « naturelle », mais elle attire l’œil et donne le ton du livre : pop, décalé, un peu toxique.

Si vous aviez un budget illimité pour adapter Thrillerville au cinéma, qui jouerait vos personnages ?

L. : Brendan Fraser, sans hésiter, pour le shérif ! Il a l’âge, la moustache, et même l’accent québécois (il a appris le français à Montréal !). D’ailleurs, à l’origine, j’avais écrit le scénario comme un film, donc le casting existait déjà dans ma tête. Mais pour l’instant, le cinéma est en pause. En revanche, une série animée de huit épisodes de 30 minutes, ça, j’adorerais.

Et côté bande-son ?

L. : Thriller évidemment (rires), du funk, de la pop des années 80, la musique du Flic de Beverly Hills, ou même celle de Conan le Barbare pour les passages épiques !

A.P.  : Moi, j’ai dessiné sans trop me fixer dans les années 80. Je voulais un présent indéfini, pas daté. Ce n’est pas Stranger Things. Ils ont des téléphones, mais la voiture de police est bleu royal : c’est intemporel.

Et la suite ?

L. : J’ai plusieurs scénarios terminés. Deux albums à venir chez Glénat — un diptyque — et d’autres idées : une histoire de gangsters, une comédie de science-fiction, un script de samouraï que j’adore. Bref, je ne compte pas m’arrêter !

A.P. : De mon côté, je travaille sur un projet totalement différent avec Thomas Cadène, autour de la Commune de Paris. C’est inspiré d’une histoire vraie, mais traité sur un ton décalé, presque comique. Ce n’est pas une BD historique classique : on s’intéresse plus à la vie quotidienne, aux petites gens qu’aux grandes barricades. C’est drôle, romantique et plein d’humanité.


Propos recueillis par L. Gianati et C. Gayout

Bibliographie sélective

Thrillerville

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