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« Après Le Petit frère, je ne pouvais pas me contenter d’un album simplement sympathique »

Entretien avec JeanLouis Tripp

Propos recueillis par L. Gianati Interview 05/06/2025 à 09:56 499 visiteurs

Il y a trois ans sortait Le Petit frère, un album poignant centré sur le deuil et la résilience, mélange de souvenirs familiaux et d'anecdotes intimes. Avec Un Père, JeanLouis Tripp réussit le tour de force de réaliser un nouvel ouvrage issu de son histoire personnelle tout en gardant intacts l'émotion, l'intérêt et surtout le plaisir de lecture.

Même si le thème d’Un Père est moins dramatique que celui du Petit frère, la lecture n’en est pas moins émouvante…

JeanLouis Tripp : Une semaine avant la sortie d’Un Père, avant que les premières critiques ne tombent, je ne savais pas du tout comment l’album allait être reçu. Contrairement au Petit frère qui a été un livre très facile à faire narrativement parlant, la construction d’Un Père a été beaucoup plus compliquée, sans respect de la chronologie, et je ne savais plus du tout quoi en penser quand je l'ai eu fini. Curieusement, le lectorat a changé lui aussi. Depuis Magasin général, j'avais un public majoritairement féminin. Pour Un Père, je vois beaucoup plus d’hommes, la plupart quinquagénaires, me disant avoir été très touchés par cette histoire.

Comment revenir à son histoire familiale après s’y être penché pendant des années sur un sujet aussi difficile que celui du Petit Frère ?

JL.T. :  Tout est une question d’enchaînements. Le tome deux d'Extases est sorti une semaine avant le COVID, il n’a donc pas eu la visibilité prévue. Quelques mois auparavant, en 2019, se sont produits deux événements : le décès du frère d'une de mes amies et un accident en Bretagne, ce qui a déclenché l’écriture du Petit frère. J’avais alors pratiquement terminé l'adaptation des histoires de Christophe Hondelatte en BD, Tu ne tueras point. Un mois plus tard, je commençais ce nouveau projet. Quand ma sœur a lu Le Petit frère, elle m’a parlé du regard de notre père et de ses yeux, qu’elle avait toujours connus tristes et perdus. Je ne pouvais pas laisser penser que mon père a toujours été comme ça. J'avais des souvenirs complètement différents évidemment et tout s’est enchaîné, je n’ai même pas eu besoin d’y réfléchir. J’ai fait ce qui devait être fait même si je savais pertinemment que je me lançais de nouveau sur deux ou trois ans de boulot.

L’une des difficultés n’a-t-elle pas été d’avoir à refouiller le passé pour y extraire des souvenirs qui ne fasse pas doublon avec ceux des précédents albums ?

JL.T. :  Bien évidemment, et là en l'occurrence, ça a été vraiment une question de choix. Au-delà de cette question du choix, s’est posée la question de savoir quel bouquin j'étais en train de faire. J’ai l’habitude de travailler sans scénario pour l'autobiographie. Quand j'ai entamé ce projet, il ne commençait pas du tout comme ce qu'il est finalement devenu. J’avais dessiné 150 pages que j’ai fait lire à quelques proches que je n’ai pas trouvé très enthousiastes. Donc j'ai tout arrêté pendant pratiquement six mois. Puis j'ai imprimé les pages et je les ai mises par terre dans mon atelier. J''ai commencé à bouger les séquences, à en supprimer certaines. Je me suis rendu compte qu’au début, j'avais fait un recueil d'anecdotes sur l'enfance dans les années 60. C'était sympathique, mais pas plus. Et après Le Petit frère, je ne pouvais pas me contenter d’un bouquin juste sympathique. J’ai fini par comprendre que ce que je voulais faire, c'était un bouquin sur mon père et moi. Le livre a failli s’appeler Camarade papa mais les anecdotes sur le côté "communiste" n’étaient finalement pas si nombreuses que ça. Jusqu'à la dernière minute, j'ai encore bougé des choses, ajouté deux pages par-ci, deux pages par là… pour que l’arc narratif fonctionne. J’avais la crainte que le récit n’intéresse que mes proches, comme mon cousin par exemple. La difficulté a été de partir du plus intime pour en faire quelque chose qui touche à l'universel.

Le titre Un Père avec cet article indéfini participe à ce côté universel…

JL.T. : C'est très exactement pour ça que j'ai appelé ce livre Un Père.

La première scène dans laquelle vous rêvez de « tuer » votre père est commune à beaucoup d’enfants souhaitant asseoir leur indépendance…

JL.T. :  C'est pour cette raison que le livre commence par ça. À la fin, tout est apaisé et pardonné. Ceci a été assez bien résumé dans le texte du quatrième de couverture, largement écrit par Aude Mermilliod. Il y a de la transmission et du pardon.

Dans un tout autre domaine, le pardon est aussi l’une des pièces essentielles d’Eclore d’Aude Mermilliod…

JL.T. :  Le pardon est nécessaire, surtout dans une relation père-fils. Je crois qu'on a toujours besoin de pardonner quelque chose à nos parents d'une manière ou d'une autre, et qu'il faut le faire à un moment de sa vie. Je suis très content d'avoir eu cette discussion avec mon père que je raconte à la fin de l’album parce que je n’aurais pas aimé qu'il meure sans que j'ai pu lui dire tout ça, C’est ce qui m'a permis d’apaiser cette colère intérieure que j’avais

Le sujet est évoqué dans l’album sans entrer dans les détails : pourquoi Trip avec un « p » est devenu Tripp avec deux « p » ?

JL.T. :  J'ai réalisé mon premier bouquin au milieu des années 70, Le Bœuf n'était pas mode. C’était les années baba-cool, les joints, les pétards… Et mon pseudo, Trip, était associé au trip alors qu’à l’époque je ne fumais pas un joint, rien. Je n’ai rien trouvé de mieux que de rajouter une deuxième lettre « P ». J'ignorais totalement que Tripp avec deux P est un nom allemand et qu’il y en a également plein aux Etats-Unis dont la fameuse Linda Tripp qui avait enregistré les conversations secrètes avec Monica Lewinsky... Moi qui croyais avoir inventé un nom…

« Du plus loin que je me souvienne, je n'ai jamais été très famille ». Cette phrase que vous avez prononcée à l’âge de huit ou dix ans contraste avec la capacité que vous avez à parler de vos proches quelques décennies plus tard…

JL.T. : Je suis très famille, mais à distance, donc je suis parti. J’avais le sentiment qu’il fallait que je vive ma vie loin de mes parents. Peut-être un jour, ferais-je un bouquin sur moi en tant que père car j’ai été d’une certaine manière absent également avec mes enfants. Absent géographiquement s’entend, j’ai en revanche toujours été présent pour tout le reste. Je suis toujours ravi de les voir même si ce n’est pas tous les jours. Paradoxalement, je vis dans un petit village de 400 habitants où nombreuses sont les familles qui sont ensemble sous un même toit sur trois générations. Personnellement, j'aurais beaucoup de mal.

L’utilisation de planches muettes rend les moments forts du livre particulièrement émouvants…

JL.Y. : J’ai une peur panique du pathos, quand ça commence à dégouliner de la tartine… Or, j’ai toujours tendance à en mettre trop, à beurrer épais comme on dit au Québec. Tout mon travail est donc d'enlever le beurre sur la tartine. J'ai beaucoup fait ça avec Magasin général notamment sur la scène du coming out de Serge à la fin du troisième tome. J’ai enlevé le maximum pour ne conserver que l’émotion. Il y a également pas mal de scènes muettes dans Le Petit frère.

En revanche, l’utilisation de la couleur est beaucoup plus présente que dans Le Petit frère

JL.T. : Pour Le Petit frère, l’utilisation de la couleur se résume principalement à deux scènes : celle où j’apprends la mort de mon frère et la séquence de la fin avec la roulotte. J’ai trouvé qu’elles fonctionnaient plutôt bien et j’ai décidé d’utiliser la couleur pour Un Père d'une façon narrative et systématique. Ainsi, chaque fois qu'il y avait une séquence où je me disais que la couleur serait pertinente, je le faisais.  L’une de mes séquences préférées est celle de la 4CV au début. Je m’étais dit que ce serait bien d’attirer l’attention sur cette Floride rutilante qui est au premier plan car mon père adorait les voitures à cette époque. J’ai donc rajouté de la couleur.

La couleur apparaît sur des éléments plus anodins comme des chaussures de ski…et le fameux short de votre père !

JL.T. : Le short ? C'est une masterpiece que je conserve dans mon atelier ! Je l’ai sauvé de la destruction quand nous avons fait le tri suite au décès de mon père. J’ai absolument voulu le garder.

Vous disiez que Aude Mermilliod avait participé à l’écriture du texte du quatrième de couverture. Elle vous a également donné un coup de main pour le dessin de la couverture…

JL.T. : Elle m'a suggéré de modifier légèrement l'expression de ma bouche et de mon œil. La première version me donnait un air un peu moqueur, ironique alors que ce ne n’était pas du tout l’expression que je voulais donner.

Quels sont vos projets ?

JL.T. : Le tome trois d’Extases, forcément… mais le problème, c'est que j'ai trop de projets. Je pense qu’avec la sortie d’Un Père, certaines personnes commencent à comprendre qu'il existe un projet global, que ce sont des bouquins qui s’assemblent comme un puzzle, qui visent à questionner ce qui nous construit, ce qui fait de moi l'homme que je suis devenu à travers certains piliers de notre existence : la sexualité, le deuil, la figure paternelle…Après les deux premiers tomes d’Extases, je sentais que je commençais à être catalogué comme un auteur qui ne parle que de sexe. Le Petit frère et Un Père sont venus rétablir un peu l’équilibre. Chronologiquement, le tome trois d’Extases s’arrêtera juste avant la période du COVID et je suis actuellement en train de vivre ce qui se passera dans le tome quatre. Dans le même temps, j’aimerais également consacrer un livre à mes parents, à leur enfance, puis à leur rencontre jusqu’à ma naissance. J’ai conservé toutes les lettres d’amour qu’ils s’écrivaient.








Propos recueillis par L. Gianati

Bibliographie sélective

Un père

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Note: 3.9/5 (10 votes)

Le petit frère

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Note: 4.3/5 (47 votes)

Extases
1. Où l'auteur découvre que le sexe des filles n'a pas la forme d'un X...

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Note: 3.7/5 (35 votes)

Tu ne tueras point

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Note: 1.3/5 (6 votes)

Magasin général
3. Les hommes

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Note: 4.4/5 (190 votes)

Le bœuf n'était pas mode

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Note: 2.0/5 (2 votes)