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athelyn parvient à s'enfuir d'un Bunker où a lieu un battle royal. Plus tard, elle survit dans le Clovd, après avoir recueilli deux enfants. Attaqués par un gang de motards, ils ne doivent leur salut qu'à l'intervention d'Isatis et ses compagnons. Après quelques péripéties, ils rejoignent les leurs au Castle Aaargh. Ce lieu est celui d'une fête annuelle où toutes les colonies se rejoignent une fois par an pour procéder à des échanges commerciaux, mais surtout pour y faire la fête dans une ambiance déchaînée et comportant un combat des champions. À cette occasion, Isatis entend bien l'emporter sur son rival. Toutefois, tout ne va pas se passer exactement comme prévu ; en coulisse, Scipio et Funérailles découvrent quelque chose.
Florent Maudoux poursuit l'exploration de l'univers qu'il a créé en 2008 et qui a depuis fédéré un public fidèle. Dans Clovd, le scénariste opte pour une ambiance mêlant le post-apocalyptique et le jeu de rôle, tout en faisant planer le doute sur l'origine de la catastrophe. Ceci a dérouté quelques lecteurs et a intrigué les autres, se demandant vers quelle destination scénaristique l'auteur souhaitait aller. Avec ce deuxième opus, il clarifie ce point en enrichissant le cadre du récit avec l'intervention de nouveaux personnages. Ce faisant, le scénariste explore des thématiques sociales, notamment la ségrégation. Un autre thème fort de cet album est l'hommage rendu à l'imaginaire et aux récits qui ont façonné la pop culture. En effet, dans le passage consacré à la fête, l'auteur en profite pour créer un parc d'attractions puisant dans les histoires fantastiques telles que Frankenstein. Dans les planches, c'est une pluie d'hommages à différents genres et styles qui s'abat dans les planches et c'est purement jubilatoire. L'hétérogénéité proposée est synonyme de richesse et donne naissance à un patchwork visuel à la fois déroutant et fascinant.
Le style de Florent Maudoux est reconnaissable entre mille. La minutie et la précision dont il nourrit ses planches est des plus agréables, faisant le bonheur de ses fans à la recherche de clins d’œil et autres easter eggs dont ils savent l'auteur friand. À ce propos, il s'amuse à croquer ses camarades du Label 619, leur donnant un petit rôle dans cette série. Ses dessins sont d'une rare beauté, ce qui rend chaque tome de son univers très agréable à lire. De plus, la colorisation est impeccable et confère ambiance vaporeuse unique en son genre aux différents lieux, que cela soit la brume du Clovd, lieu de rencontre des colonies.
Les aventures du monde de Clovd continuent de surprendre pour le plus grand bonheur des bédéphiles et des fans de l'univers créé par Florent Maudoux. Un récit post-apocalyptique original et référencé soutenu par un dessin hautement qualitatif. Vivement la suite !
Le premier tome de CLOVD était marqué par une bonne dose d’action la découverte d’une société originale se déplaçant sur des cités roulantes, des trains équipés et sillonnant l’ancien vaste réseau ferré européen. Surtout, il nous avait mis en relation avec Isatis, nouveau très réussi personnage d’un Maudoux qui place toujours l’axe de ses intrigues sur les relations entre acteurs de ses récits… parfois au risque de délaisser l’histoire.
On ne pourra pas faire ces reproches au second tome. S’ouvrant sur un clan rêvant de quitter l’atmosphère pour se réfugier dans l’espace, « Excalibur » voit Isatis et sa bande recueillir une jeune réfugiée qui va apprendre à leur contact les vertus de l’humanisme et de la bienveillance, anomalie dans un monde déchu et dominé par la violence de la survie. Arrivé dans une cité aux formes d’un gigantesque part à thème, c’est l’occasion pour l’auteur de multiplier les références à la Pop culture et d’en rajouter une couche sur la thématique du jeu de rôle. On est du reste tout à fait lucide sur le fonctionnement créatif du cador du Label 619, pratiquant affirmé qui adapte des univers rôlistes en format séquentiel. Une forme de boucle est bouclée pour celui qui a édité un jeu de rôle adapté de l’univers de Freak’s squeele.
Comme souvent l’intrigue démarre plutôt bien sur un schéma de thriller avant de se diluer un peu dans les habituelles joutes oratoires d’un groupe bienveillant d’adulescents chroniqués album après album par l’auteur. Du coup on ne sait jamais trop si son histoire intéresse Maudoux et si l’on reste tout à fait enjoués par les planches de haute tenue, l’aspect foutraque et sans cadre peut finir par perturber. Les albums de l’auteur lyonnais ne sont pas grand publique et n’ont jamais proclamé l’être malgré les couvertures sublimes qu’il déploie au fil de sa carrière. Alors CLOVD vit par ses dessins et par un personnage à l’enthousiasme bigger than life et contagieux. Les morales déclamées pourront paraître naïves mais la sincérité de l’œuvre est désarmante si bien que l’on replonge chaque fois en se laissant porter par une générosité incontestable.
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