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acôme Hégésippe Adélard Ladislas ne parvient pas à se relever du décès de Blair, sa compagne. Il discute d’ailleurs continuellement avec l’esprit de cette dernière, sans se préoccuper de la réaction des gens. L’ami de Spirou broie du noir et jongle avec l'idée d'en finir. Enseignant à l’université Princeton, il est recruté par le projet Manhattan. Sa pulsion de mort se transpose alors dans la recherche sur l'arme atomique. Ce quatrième opus de Champignac s'intitule Les années noires, un titre fort bien choisi.
La saga s'inscrit-elle bien dans la chronologie des albums du groom ? Pas du tout. Et ça n'a aucune importance. Les Beka se sont appropriés un personnage connu et l'ont mis à leur main. L'inventeur farfelu fait place à un être torturé qui n'hésite pas à espionner pour le compte d'Edgar Hoover ou à contribuer à des recherches, même s'il sait qu'elles risquent de provoquer des centaines de milliers de morts. Bien que les liens avec la série-mère soient ténus, les lecteurs reconnaissent le professeur Sprtschk, celui qu’André Franquin n'a eu aucun remord à faire dévorer par un dinosaure dans Le voyageur du mésozoïque.
Les auteurs dressent le portrait d’un être souffrant, peut-être perd-il la raison. Dans ce scénario, la morale et l’éthique du protagoniste apparaissent discutables. Le scientifique touche le fond et se trouve du mauvais côté de l'histoire. D'ailleurs, l’entreprise ressemble davantage à un drame qu’à un récit d’aventures. Elle porte du reste un regard sur le quotidien d’hommes de sciences assoiffés de connaissances, insouciants quant à la finalité de leurs découvertes. La trame narrative, très bien structurée, conduit à l’effroyable conclusion que tous connaissent. Le destin du savant est astucieusement scellé par une facétie historique rigoureusement exacte.
Le dessin de David Etien se montre impressionnant. Dans ce qui se veut avant tout un drame psychologique, il traduit les émotions de ses acteurs dans un regard vide, un sourire faussement joyeux ou des épaules légèrement voutées. Tout est dit, il n’y a rien à ajouter. L’intrigue amalgame des personnages fictifs et des figures réelles et connues, la représentation de ces dernières est un chouïa plus réaliste que celles des autres, mais il n’y a rien là pour entacher le plaisir de la lecture. Enfin, l’artiste ne ménage pas ses efforts pour réaliser des décors riches, lesquels reflètent la banalité des lieux où le sort du monde se dessine.
Sur le trait charbonneux sont posées des couleurs en demi-teintes, révélatrices de l’esprit d’un album ténébreux. Même le soleil du Nouveau-Mexique n’apparaît pas aussi radieux qu’il le devrait.
Après un troisième tome, Quelques atomes de carbone, plutôt décevant, la série reprend son envol. Cinq sorties sont prévues, il est à souhaiter qu’il y en ait beaucoup plus. Demande spéciale adressée aux auteurs : une trilogie consacrée à la rencontre et à la rupture avec Zorglub.

















Champignac est de retour ! Et comme je l'avais parfaitement bien deviné dans l'opus précédent, Pacôme participe à la création de la bombe atomique avec Oppenheimer dans cet album.
Le ton global est assez morose: en effet le fantasque et joyeux personnage de chez Spirou n'est ici plus qu'un vieux déprimé qui voit et communique avec son ancienne compagne décédée. Quelques pointes d'humour viennent apporter un peu de joie mais sans plus.
Après la pilule contraceptive présentée dans le tome précédent, c'est ici le principe de réaction nucléaire avec les neutrons et protons des atomes d'uranium qui est introduit sur plusieurs planches.
Comme l'album précédent, j'ai trouvé l'ensemble très beau visuellement mais le scénario m'a paru tout aussi quelconque. Au demeurant, je ne suis pas sûr de me rappeler de cet album dans les prochaines semaines.
Au suivant comme disait Jacques Brel.
Comme depuis 2 albums, les dessins sont au top, mais côté scénario, ça pêche. C’est quoi ce Champignac suicidaire ??!