« Ne jamais aller à Turin, à aucun prix » aurait dit Franz Kafka ! À l’évidence, Antonio Ventimila ne semble pas avoir lu Kafka…
Avec Possessions, Alexis Bacci signe un album à la croisée des chemins : roman graphique par la pagination, giallo eu égard à quelques démêlés mafieux, écrit cathartique en référence à l'état mental du héros ou bien encore recueil sur l’ésotérisme turinois ! Ainsi, au fil d'un récit haut en couleurs, le lecteur est porté dans les arcanes de la métropole piémontaise avec une belle fluidité, témoignage d’un récit parfaitement pensé et rythmé.
Au prétexte d’explorer les rituels et autres enchantements qui règnent sur les nuits turinoises, Alexis Bacci s’attache plutôt aux blessures intérieures de ses protagonistes et développe une iconographie à la fois réaliste, psychédélique et ésotérique. Graphiquement, l’auteur impressionne par sa maîtrise des contrastes avec des couleurs vives contre des aplats sombres, ou un trait tendu qui sait cependant épouser les psychés tourmentées. Jouant sur différents registres narratifs et graphiques qui se juxtaposent, s’interpénètrent et se complètent, l'album reste cependant toujours lisible malgré son foisonnement.
Si l'aspect autobiographique sur la figure tutélaire du père, le trauma du deuil et les affres de l’enfance pourrait, parfois, indisposer, l’intrigue n’est toutefois jamais sacrifiée au bénéfice de l’introspection. En cela, Alexis Bacci trouve un subtil équilibre entre polar et exorcisme !
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