P
our les parents de Betsy, tout est divisé en trois catégories : l'inutile, le nécessaire et l'indispensable. Alors, au revoir le jeu vidéo et bonjour les vêtements usés et le vélo d’un autre âge. Quant à avoir un animal de compagnie, cela est également superflu, au grand regret de la fillette. En revanche, les moqueries parce qu’elle a la tête dans la lune ou un look ringard, elle y a droit. Un jour, alors qu’elle pédale en ruminant ses pensées, elle heurte accidentellement un chien. Rentrée chez elle, Betsy entend le toutou d’une voisine pester contre sa maîtresse. Incroyable ! Elle entreprend alors d'écouter les doléances des canidés et des félins pour mettre au point une recette idéale de pâté. Elle y croit à fond et se lance dans l’aventure, épaulée par ses nouveaux amis à poils, à ailes et à écailles.
Ah, le vieux rêve de saisir parfaitement le sens des aboiements, miaulements, gazouillis et autres cris des bêtes ! Partant de cette idée d’une communication facilitée entre bestioles et humain par le biais d’un don de traduction instantanée, le duo formé par Stephen Desberg, et Teresa Martínez, qui avait déjà œuvré sur le sympathique Ecoline, revient pour offrir au lectorat jeunesse un album plein de pep dans une veine assez similaire.
En une cinquantaine de pages, le récit aborde un vaste panel de sujets relatifs au bien-être animalier, depuis le contenu de la gamelle jusqu’à la vie derrière les grilles d’un zoo, en passant par la mainmise de l’homme sur ce qui est bon ou non pour les compagnons domestiques comme pour la faune sauvage. Au contraire d’adultes peu attentifs ou axés sur la rentabilité et d’enfants abêtis prompts à la moquerie envers la moindre petite différence, l’héroïne brille par son enthousiasme, sa gentillesse, son écoute et son empathie. Ses copains chiens, chats et autres se révèlent tout aussi attachants et amusants. Pleine de bons sentiments, l’histoire n’en recèle pas moins une jolie leçon de savoir-être, d’humilité et une part de savoureuse fantaisie. Elle s’appuie, en outre, sur une partition graphique des plus plaisantes, grâce au dessin expressif de Teresa Martínez. Par son trait arrondi et semi-réaliste, l’artiste mexicaine croque, en effet, très plaisamment les visages et allures des différents protagonistes, qu’ils soient sur deux, quatre ou huit pattes. La composition des planches, agrémentée çà et là de quelques pleines pages et de grandes cases, s’avère variée et dynamique.
Questionnant l'air de rien le rapport de l'homme à l'animal, Betsy constitue une agréable lecture riche en péripéties et soutenue par un humour bon enfant et bienveillant.
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