A
u Donjon, pour le Gardien, les aventuriers sont tout d’abord une source de revenu. Certes, parfois, il faut savoir lâcher un peu d’or, mais cette dépense n’en est pas vraiment une. Il s’agit plutôt d’un investissement qui aidera à attirer des pigeons, euh, de courageux héros. Il existe également d’autres profils de visiteurs au potentiel financier alléchant. Les parents d’un disparu qui voudraient se recueillir là où leur fils ou fille est tombé.e dans sa quête, par exemple. Moyennant une petite obole (il y a toujours des frais à couvrir), il est tout à fait envisageable d’organiser une belle cérémonie. Par contre, guider un gourou suicidaire et sa suite à travers les couloirs pour le mener à son trépas, c’est nouveau. Bah, en échange d'une quantité suffisante de pièces d’or, tout est imaginable. C’est ça, la magie du Donjon !
Album resserré et ambiance plus triviale, un «Parade» est une affaire pur plaisir. Ce n’est pas pour rien que Lewis Trondheim et Joann Sfar font dérouler ces récits au cœur de la période Zénith de la saga. Même si la multiplication des dessinateurs a un peu changé ces parenthèses humoristiques en «mini-Monster», le ton et l’ambition des scénarios sont restés très directs et terre-à-terre. Cependant, c’est un petit peu moins le cas dans Éternel Repos, l’itération numéro onze de cette sympathique sous-série. En effet, sans oublier la déconnade (la crise du bouillon), le fond s’avère un peu plus sombre qu’à l’habitude. Si la mort hantait déjà l’édifice, le deuil, un peu moins. Cette différence thématique mineure, perdue dans le flot habituel de péripéties farfelues, se fait néanmoins remarquer, sans réellement gripper la machine heureusement.
Déjà, la juxtaposition de la douleur et du gros rire est un peu gênante en soi. Ensuite, un gag en chasse un autre et ne demande pas de grosse mise en contexte. À l'inverse, le chagrin et la tristesse exigent plus de soins et d’explication. Pagination réduite oblige, l’ouvrage se retrouve conséquemment un peu serré aux entournures et aurait certainement demandé quelques planches supplémentaires afin de totalement convaincre. À la place, le lecteur a droit à une conclusion express comprimée, un peu bêbête et finalement décevante.
Visuellement intéressant, sans trahir sa patte personnelle, Thibault Soulcié offre une copie particulièrement bien troussée et contagieuse d’énergie. Éternel Repos remplit une bonne part du contrat. Ça court, ça rigole et ça ironise à tout va. Dommage que le format en usage lui ait rogné les ailes et empêché d’explorer toutes les facettes de son sujet. À quand un Donjon «Roman Graphique» de deux cent cinquante pages ?
N'est pas au niveau de Donjon. Les dessins cartoonesques ne me semblent pas adaptés et l'histoire est expédiée.
J'avais l'impression de lire Pif Gadget !
Un tome inférieur aux autres albums de cette sous-série. Il y a deux ou trois situations rigolotes (le coup des parents venant se recueillir sur le lieu de trépas de leur aventurier de fils, c'est particulièrement cynique mais j'avoue ça m'a bien fait rire !) mais dans l'ensemble c'est un peu léger, avec plusieurs situations déjà vues (Herbert devant réparer la machine à bouillon, Herbert demandant de l'aide à Horous pour ressusciter ou cacher un cadavre ...). Qui plus est le dessin de Thibaut Soulcié n'arrange rien : trop vite expédié, peu soigné, ce trait type "dessin de presse" est certes humoristique mais l'ensemble est quand même d'une grande pauvreté.
Un album certes distrayant, mais qui pour moi ne fait pas partie du haut du panier.