L
e sur-tourisme, ce n’est pas bien, ça dénature les plus beaux sites, ça pollue et, paradoxalement, tend à uniformiser la planète en répondant aux exigences formatées des voyageurs. Voilà, c’est dit et, comme le chantait haut et fort le courageux Florent Brunel : «Il faut prendre partie pour une cause, y aller à fond et prendre des risques, sinon ce n’est pas la peine». Zidrou et Éric Maltaite ne font pas dans la chanson engagée, mais de la BD rigolote et nuancée : Fuck ze tourists est leur cri du cœur.
De Venise au Machu Picchu, en passant par Bruxelles et la Côte amalfitaine, Barcelone ou les Alpes, les auteurs suivent quelques touristes bas du front en quête d’exotisme et d’exclusivité. Les situations sont naturellement sur-jouées et ne font pas toujours dans la dentelle (il est audacieux et délicat d’utiliser Auschwitz afin de faire de la comédie). Passée la grosse artillerie, un ou deux embryons d’idées font néanmoins légèrement sourire (les copies de monuments, le roulement «géographique» des ouvriers). Cependant, entre les répétitions, le côté frontal et la morale simpliste, la lecture peine à convaincre. Ajoutez-y un manque total d’empathie pour des personnages volontairement abjects et à peine une pensée envers les populations locales, vous obtenez un album cent pour cent à charge et consensuel par défaut. Pour ce qui est des rires, ceux-ci se font d’abord discrets devant la trivialité des scénarios, avant d'être gênés face à la gratuité et l’innocuité globale du projet.
D’un côté, Zidrou et Maltaite ont parfaitement su saisir les errances (la bêtise, l’égoïsme, etc.) de l’époque. De l’autre, ils se sont limités à les exposer sans recul, ni angle d’attaque particulier. Il n’y a que la vérité qui blesse et ils ont mille fois raison, évidemment. Simplement, Fuck ze tourists est censé être un album de BD d’humour. Bon voyage... ou pas.
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