D
epuis le succès mondial de leur première bande dessinée ensemble, adaptée au cinéma avec Schwarzy en vedette, les auteurs de La pitoune et la poutine sont en panne d’inspiration. Une suite ? Bof. Mais il faut trouver quelque chose, les fans attendent ! Le brainstorming bat son plein quand quelqu’un toque à la porte. Pensant ouvrir au livreur de pizzas, les stars de la BD se retrouvent nez-à-nez avec rien moins que Satan en personne ! Le diable est particulièrement mécontent de l’œuvre qui a fait fureur quelques années auparavant. Tout un conte folklorique sans le mentionner, c’est inacceptable : l’affront doit être lavé. Il accorde une semaine pile poil aux artistes pour achever un nouvel album, sans oublier de réclamer au passage que le narrateur soit toujours un castor !
Ah, le Bas-Canada ! Sa poutine, ses castors, son sirop d’érable, ses bûches, ses canots… volants ? Longtemps cantonnées à naviguer sur l’eau, les embarcations occupent aujourd’hui les cieux. Mais ce prodige a un coût. Pour faire léviter leurs canots, les habitants ont dû pactiser avec les démons. Et peu à peu, toute la province tombe dans les mains du Malin. Le Vatican s’en inquiète et diligente sur place l’agent spécial Léo Bénédicus Julius Agapet.
Après avoir revisité le mythe de Jos Montferrand en 2019, Alexandre Fontaine Rousseau (La conquête du cosmos, Les cousines vampires) et Xavier Cadieux (Les pires moments de l’histoire) rempilent pour une nouvelle aventure qui prend la tournure d’une grande mise en abyme. Cette fois, c’est la légende de la Chasse-galerie qui est au menu et mise à leur sauce très personnelle. Car les auteurs québécois aiment partir de faits plus ou moins historiques (un peu moins que plus, à dire vrai) pour proposer quelque chose de différent, en brodant leur propre récit autour d’une trame existante.
Avant de se lancer, il vaut mieux être prévenus : si le second degré, l’absurde voire un côté un peu foutraque ne sont pas votre tasse de thé, vous pouvez passer votre chemin. Dans le cas contraire, voilà près de trois cents pages de pur délire pour vous régaler. Le lecteur est embarqué dans une comédie un peu loufoque (mais parfaitement structurée) menée sur un rythme effréné et où les péripéties se chassent l’une l’autre sans interruption. C’est drôle, ça part dans tous les sens (notamment graphiquement) et ça se boulotte avec gourmandise. Au-delà du conte classique qui sert de toile de fond, les références (plus ou moins évidentes) à la culture populaire se multiplient, de Mario Kart à Pokémon, en passant par James Bond (ou Inspecteur Gadget, c’est au choix) par exemple. Tenter de toutes les dénicher devient alors un véritable jeu de piste.
Dans la pure veine de la précédente collaboration du duo à l’œuvre, mais avec un résultat probablement plus abouti encore, Les canots de Satan est un petit délice. Parole de castor !








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