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rance, 2037. Vingt-cinq années d’IA à haute dose ont suffi à vider les cerveaux et transformer les êtres humains en plante verte d’agrément. La nature n’aimant pas le vide, la gent canine s’est adaptée et occupe désormais la niche écologique délaissée par l’homo sapiens ultra-connecté. Étonnement et malgré quelques petits problèmes d’apprentissage de la propreté, cette inversion des rôles s’est bien déroulée. Depuis la nuit des temps, l’homme n’est-il pas le meilleur ami du chien ?
Une idée originale et d’une grande simplicité à la fois, un sens de l’observation acéré, le tout assaisonné avec le pire mauvais esprit, Olivier Lhote et Guillaume Guerse proposent une vraie-fausse dystopie destroy sous le signe de 30 millions d’amis. Les premiers gags coulent de source et décrivent les situations provoquées par le changement de paradigme maître – animal familier. Adoptions dans un refuge, éducation et abandon lors des départs en vacances, l’approche est directe et les chutes attendues. Heureusement, les auteurs ne se sont pas arrêtés là et ont poussé le bouchon loin, beaucoup plus loin.
En effet, ils ont continué à creuser leur sillon et élargi leur propos à tous les aspects de la société, aussi bien animale qu’humaine. Reproduction, choix de la race ou plutôt du métier, complications dues aux gardes partagées et régulation (comprenez la chasse), Lhote et Guerse alignent à vue et comme ils ne se sont interdits aucun tabou, ils ne font pas de prisonnier. Résultat, l’humour devient noir, limite crade et particulièrement jouissif. Avertissement aux âmes sensibles, la cruauté n’est pas seulement animale, bien au contraire.
Jeu de miroir dont les reflets se dédoublent et se déforment à l’infini, Le meilleur ami du chien est un album hilarant et hautement corrosif comme cela fait longtemps que Fluide Glacial n’en avait plus publié. Mieux encore, il allie le pire avec l’intelligence, le mélange le plus dangereux, tant pour les zygomatiques que pour le politiquement correct. Un ouvrage recommandé par tous les éleveurs !
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