Andouilette de Porc a écrit:Graphiquement c'est fort, j'aime ce qui ce dégage de cette bd, les dessins, les couleurs, c'est enivrant.
Le scénar' quant à lui m'a beaucoup moins emballé, une histoire un peu trop banal, au fur et à mesure que l'on se plonge dans l'album, les actions à venir se dessinent trop prévisiblement, sans beaucoup de surprises. Ça reste un bon album, c'est prenant mais ça manque d'un petit quelque chose à mon goût.
C'était exactement mon ressenti en refermant l'album que j'ai voulu revendre dans un premier temps. J'étais bien d'accord avec la chronique Bdgest aussi. Et puis, le lendemain, en le feuilletant à nouveau, en revoyant la galerie des personnages, j'ai repensé à ce que l'auteur avait fait du western classique et je me suis dit que c'était quand même bien fichu, que les notions de patriarcat et d'emprise étaient vraiment bien utilisées. Ensuite, j'ai regardé à nouveau des planches où on sent la tempête et les tourments intérieurs du jeune cowboy sourdre. Et je me suis dit finalement que j'allais garder cet album encore un peu.
Le hasard a fait que le soir-même, je regardais " The Power of the dog " sur Netflix. Si la seconde partie ne m'a pas convaincu (symbolisme trop appuyé, presque ridicule et histoire qui se dilue trop), j'ai retrouvé au début la même tension avec une réalisation soignée (Jane Campion quand même derrière la caméra !), les mêmes thèmes : la vie âpre dans ces terres immenses, le rêve malgré tout de s'installer quelque part pour arracher un avenir meilleur, la virilité excessive de ces hommes qui tentent d'écraser les femmes par peur, réflexe ou bêtise, réflexe instillant un poison lent qui contamine chacun et empêche toute forme de bonheur pour les hommes comme pour les femmes, et là je me suis dit que finalement pour montrer tout ça, Pastor était bien plus habile, travaillant les non-dits, les regards inquiets, pointant les lâchetés, les compromissions avec le père (tout-puissant...) et montrant que l'héroïsme pouvait prendre d'autres formes que celle longtemps véhiculée par le cinéma hollywoodien (que je continue d'apprécier par ailleurs !), mais " Billy Lavigne " symbolise bien ce passage de témoin ou du moins cette volonté d'interroger les modèles qui nous ont longtemps forgés.