Bad luck banging or loony porn de Radu Jude
Radu Jude signe avec ce film, littéralement "baise de la malchance ou porno déjanté", le film le plus férocement drôle de l'année.
Emi, professeur d'histoire dans un lycée réputé, tourne une séance de baise avec son mari. A son insu, la vidéo se retrouve sur le net et devient virale. La situation n'est pas au goût de tous les parents de ses élèves. Voilà pour le pitch.
Le film est divisé en 4 parties.
La première partie montre la séance de baise. Frontalement.
La deuxième partie voit Emi marcher en rue pour se rendre à la réunion de parents alors que la vidéo devient petit à petit virale. Cette déambulation dans les rues de Bucarest est l'occasion pour Radu Jude de nous montrer que l'obscénité est en fait partout dans l'espace public (omniprésence de la publicité, comportements inciviques, indifférence à la pauvreté,...).
Radu Jude enchaîne ensuite avec un segment plus expérimental qui quitte son personnage principal pour présenter un abécédaire constitué d'images d'archives exposant au vitriol toutes les contradictions et les hypocrisies de la Roumanie contemporaine (rapport à l'histoire, au sexe, à la religion, racisme et mysogynie,...). La charge est particulièrement virulente.
Le film revient ensuite à son récit sous la forme d'un tribunal populaire auquel est convoquée l'infortunée enseignante. On navigue entre dégoût pour certains parents et considérations socio-philosophiques bien senties. Ca ratisse large et ça met à nouveau en évidence l'idée conductrice du film que la pornographie et l'obscénité ne sont par là où on le pense.
Le farce se termine avec la présentation de trois fins possibles, dont la dernière tire le film vers la bouffonerie.
Génial.
Bad luck banging or loony porn a reçu l'Ours d'or au dernier festival du film de Berlin;
