La tapisserie de l'apocalypse, qui date du XIVème siècle, visible au Château d'Angers

Commandée en 1375 par le duc Louis Ier d’Anjou, il fallut seulement 7 ans pour réaliser cette œuvre constituée à l’origine de 6 grandes pièces textiles de 23 mètres de long sur 6 mètres de haut chacune.
Pour Louis Ier, grand prince amateur de tapisseries, cette commande fastueuse est une manière d’exposer son prestige et son ambition, notamment au sein de sa famille qui n'est autre que celle... du roi de France Charles V ! Ces frères qu'on surnomme "prince des fleurs de lys", participent à l'essor de l'art de la tapisserie en commandant des œuvres prestigieuses.
La tapisserie de l’Apocalypse sert de décor à de grandes cérémonies princières et est probablement exposée... en extérieur ! Avec ses personnages quasiment à taille humaine, sa bande de terre fleurie en bas et sa bande de ciel habité d’anges au sommet, elle fonctionne comme un trompe-l'œil qui inscrit le récit dans l’espace réel du spectateur.
Comme une BD sans les bullesLa tapisserie se “lit” de gauche à droite et de haut en bas. Mais il faut aujourd'hui savoir décrypter les images, car les textes présents à l'origine sous chaque scène ont entièrement disparu !

L’histoire racontée est connue. C'est celle, éternelle, de la lutte entre le Bien et le Mal. Du grec “apokalypsis” qui signifie “lever le voile” ou "révélation", ce récit écrit au Ier siècle de notre ère par Jean de Patmos constitue le dernier Livre de la Bible.
Aux dragons et autres bêtes mythologiques se mêlent alors des chevaliers, des moines et toute une troupe de plus de 400 personnages qui n'ont quant à eux rien de légendaires...

Tapisserie de l’Apocalypse, Scène “Le dragon combat les serviteurs de Dieu”. On reconnaît dans cette image un noble au premier plan, avec ses chausses bicolores et ses chaussures pointues, les poulaines, à la mode à la fin du XIVe siècle. Un moine cordelier est derrière lui, puis deux autres personnages armés d’une épée ou d’une lance. En fond de scène, le monogramme L et M fait référence à Louis Ier et Marie de Blois. Par ce symbole, le duc se met implicitement en scène, comme un leader guidant toute la société de son époque dans le combat contre le Mal.
Plongez dans un document historique grandeur nature !
Ouvrez l’œil : les scènes fourmillent de détails qui font de la tapisserie de Louis Ier un vrai livre d’histoire ! On peut même y reconnaître des personnages ayant réellement existé, comme le Prince Noir, ennemi personnel de Louis Ier d’Anjou, ou son père, le roi d’Angleterre Édouard III.
Comment tient-on une épée au Moyen Âge ? À quoi ressemblaient les fortifications aujourd’hui disparues des villes à la fin du XIVe siècle ? Équipement des chevaliers et maniement des armes, instruments de musique, plantes, costumes, mobilier, architecture gothique... Le réalisme des images de la tapisserie permet un véritable retour aux sources.

Tapisserie de l’Apocalypse, détail d’une troupe de cavaliers maléfiques représentés sous les traits de chevaliers. Au premier plan, guidant la troupe, Edward de Woodstock, dit "Le Prince Noir", est identifiable par son panache blanc. Scène “Les myriades de cavaliers”
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