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Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Et toute cette sorte de choses . Fais pas semblant de pas comprendre

Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede Keorl » 22/06/2025 15:05

Message précédent :
Hier soir, j'ai lu Niala. Une BD que j'ai achetée en partie pour faire chier les gens qui hurlaient à la mort à sa sortie (et pas qu'ici, même si de mémoire le débat ressemblait vachement :fant2: ).
C'est d'infiniment meilleure qualité que la BD de Vivès qui a été postée dans son intégralité il y a quelques pages. Malgré tout, j'aimerais bien revoir mes 17 euros.
Comme quoi, il ne suffit pas de transgresser pour faire une bonne BD.
Ce qui confirme une idée qui était pourtant déjà bien arrêtée chez moi (et plus encore depuis le post de l'intégralité des Melons) : Petit Paul ne rejoindra jamais ma bibliothèque.
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede gio » 22/06/2025 17:01

Brian Addav a écrit:Dis-nous (...) comment est présentée un viol dans le porno en terme de découpage, de dramaturgie. Donne nous un exemple.
Je ne pense pas qu'il y a de règle générale qui s'appliqueraient à toutes les productions pornographiques mettant en scène un viol (sinon le principe que j'ai énoncé, à savoir l'utilisation de procédés / techniques / codes pour exciter le spectateur, sans lesquels il n'y a pas de pornographie). Mais si tu as un exemple précis en tête qui te semble comparable à ce que fait VIvès, on peut partir de celui que tu souhaites.

Brian Addav a écrit:Et quand on parle de viol ou autre, il nous explique que le côté malsain de l’acte empêche de facto une jouissance, et que donc, la représentation de l’acte ne pouvant procurer du plaisir, il ne s’agit pas de porno.
Encore une fois c'est inexact : j'ai dit que tout dépendait du registre, de la façon dont l'acte était représenté, du regard porté par l'œuvre.

Brian Addav a écrit:Et à un moment, dans ses laïus, il s’est mis à parler du viol dans le porno pour illustrer cela.
Ce n'est pas vrai non plus : c'est toi qui a amené ce sujet (dans ce message). Je n'avais jamais parlé de cela avant et je n'ai fait que répondre au parallèle que tu as voulu toi-même mettre en place.

Brian Addav a écrit:Un viol dans le porno qui serait montré de manière à éliminer le côté malsain pour permettre une jouissance positif.
Je n'ai absolument jamais dit cela.

Brian Addav a écrit:Et je trouve ça con. Tout un pan du porno montre les viols avec le côté malsain.
Je n'ai jamais dit le contraire. J'ai dit que ce malsain était tourné de façon à exciter son public. (Ce qui est le principe même de la pornographie.)

Brian Addav a écrit:Et pour moi cet état de fait balaie l’argument du côté malsain du viol qui enlèverait de facto sa dimension pornographique.
Ce qui n'est pas mon argument. C'est un homme de paille.

papyjulio a écrit:Dans les sites porno il y a de nombreuses scènes où est traité l'acte sexuel comme fait par Vivès...
Je ne suis pas d'accord, mais pour éviter de répéter ce que j'ai déjà dit dans de longs messages précédents, je résumerais en disant qu'il y a dans la pornographie une façon de tourner les choses qu'on ne retrouve pas chez Vivès, et réciproquement, il y a dans la façon dont les BD de Vivès sont réalisés des d'attributs qui l'éloignent de la pornographie.

papyjulio a écrit:En fait tu te bases pour la définition de la pornographie sur les procédés qui toi t'excitent, mais c'est beaucoup plus vaste que ça. Se baser sur son propre ressenti comme définition c'est trop facile, alors il suffirait à chaque contrevenant d'affirmer que ce n'est pas sa propre définition ou son ressenti pour éviter une poursuite.
Je ne me base pas sur l'idée subjective de ce qui m'exciterait moi. Contrairement à Brian Addav (et d'autres) qui font valoir le ressenti subjectif des lecteurs comme argument, j'essaye d'écarter tout ce qui est subjectif (donc arbitraire, sinon nous ne sommes plus dans la justice). C'est pour ça que depuis le début, je dis que pour que l'œuvre soit pornographique, il faut qu'elles contiennent des procédés / techniques / codes servant à exciter le spectateur qui doivent être objectivement contenu dans l'œuvre et objectivement identifiables. As-tu identifié de tels procédés dans les BD de Vivès ?

Toque a écrit:J'ai lu petit paul.
Toutes les scènes de viol, d'inceste et de pédophilie sont faite dans la joie par les agresseurs, avec une très forte excitation sexuelle, et tout est complétement inconséquent pour les agresseurs et pour les victimes.
La complaisance est totale.
Affirmer le contraire me semble être d'une grande malhonnêteté.
Je pense que tu confonds l'humour et la complaisance. Ce n'est pas parce qu'une histoire tourne à la dérision un acte qui serait terrible dans la réalité qu'elle porte un regard complaisant sur cet acte. C'est exactement pareil chez Gotlib, Vuillemin, Reiser, Édika et beaucoup d'autres (ou dans le film C'est arrivé près de chez vous pour reprendre cet exemple). Dans Hara Kiri, le procédé était réccurent. Par exemple, je ne pense pas que Hitler = SS de Vuillemin et Grouchio, aussi provocatrice et choquante que puisse être cette BD, porte un regard complaisant sur la shoah. L'humour n'implique absolument pas la complaisance, surtout l'humour trash, provocateur, noir.
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede Brian Addav » 22/06/2025 17:21

Une pièce une, une.

gio a écrit:
Brian Addav a écrit:Un viol dans le porno qui serait montré de manière à éliminer le côté malsain pour permettre une jouissance positif.


Je n'ai absolument jamais dit cela.



:arrow:

gio a écrit:Naturellement je n’ai pas vu tous les films pornographiques qui existent, mais dans un film pornographique qui met en scène du viol ou autre, même si le viol est effectivement une chose pour le moins malsaine, les scènes de sexe ne sont en principe pas tournées de façon à faire éprouver au spectateur une gêne, un malaise, un embarras, sinon il ne peut pas être excité et se masturber, elles sont faites au contraire pour que la scène soit sexuellement stimulante et excitante (là il peut y avoir une sorte de regard approbateur). Dans ce genre de film, l’histoire (lorsqu’il y en a une) est au service du sexe, et non le sexe au service de l’histoire, comme c’est le cas chez Vivès.




gio a écrit:Je n'ai jamais dit le contraire. J'ai dit que ce malsain était tourné de façon à exciter son public. (Ce qui est le principe même de la pornographie.)


C'est pas vraiment ce que tu as dis.
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede Jesse Custer » 22/06/2025 18:03

[:fantaroux:2]
Je remets aussi une pièce dans le bouzin :

- Je me suis fait violence et j'ai lu les 55 premières pages de "les melons de la colère", car en effet il est préférable de lire un livre avant d'en parler..... Je verrai si j'ai le courage d'en lire plus, car ce n'est vraiment pas ma came, et j'ai trouvé que dans le 1er tiers de cet album il n'y avait pas d'humour ou de dérision mais seulement des scènes gratuites de violences sexuelles (qui peuvent à mon avis exciter certaines personnes mais je vous passe les détails [:bru:3] ).

- Pour un album n’étant pas censé être porno son titre peut quand même faire tiquer et me fait penser à blanche fesse et les 7 mains, mais bon admettons que le titre est " humoristique" et ne reprend pas les codes des titres de ce type de productions...

-Le contenu reste pour moi immoral/tordu et l'auteur, toujours d'après moi ,est hypocrite en le présentant autrement !

- Sinon, merci gio d'avoir pris la peine de me répondre avec des phrases courtes, cela m'a permis d'avoir un regard plus objectif sur tes échanges.
-
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede toque » 22/06/2025 18:58

Je n'ai pas lu les melons de la colère. Mais pour petit Paul l'intention humoristique de l'auteur est évidente.

Ce qui pour moi ne change rien à l'affaire ;)
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede Jesse Custer » 22/06/2025 19:28

En effet ;)

Mais, même si j'ai la fâcheuse habitude de lire en diagonale les textes de plus de 50 lignes, il me semble que l’humour était un argument pour dédouaner les messages transmis dans les BD de Vivès...
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede Olivier_D » 22/06/2025 19:28

Keorl a écrit:Hier soir, j'ai lu Niala. Une BD que j'ai achetée en partie pour faire chier les gens qui hurlaient à la mort à sa sortie (et pas qu'ici, même si de mémoire le débat ressemblait vachement :fant2: ).
C'est d'infiniment meilleure qualité que la BD de Vivès qui a été postée dans son intégralité il y a quelques pages. Malgré tout, j'aimerais bien revoir mes 17 euros.
Comme quoi, il ne suffit pas de transgresser pour faire une bonne BD.
Ce qui confirme une idée qui était pourtant déjà bien arrêtée chez moi (et plus encore depuis le post de l'intégralité des Melons) : Petit Paul ne rejoindra jamais ma bibliothèque.



Je l'ai aussi, je suis un grand admirateur de Rossi, mais bon, grosso modo, c'est quand même pas et de très loin ce que Rossi a fait de mieux. Pas sûr que ça ne dégage pas lors du prochain rangement. Je n'étais pas sur le forum à sa sortie, il faudrait que je fouille les archives pour rigoler.
Dans le genre humoristique, Rossi était bien meilleur avec son capitaine laguibole. Je rejoins ta conclusion sur la transgression, et Vivès ne risque pas de finir non plus dans ma bibliothèque. En plus, il a pris un melon (de la colère ou pas) monumental, il se regarde dessiner avec admiration...
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede toque » 22/06/2025 19:30

Jesse Custer a écrit:En effet ;)

Mais, même si j'ai la fâcheuse habitude de lire en diagonale les textes de plus de 50 lignes, il me semble que l’humour était un argument pour dédouaner les messages transmis dans les BD de Vivès...


Il ne me conviant absolument pas.

Et je trouve les comparaisons faite avec les autres œuvres et auteurs cité complétement hors de propos ;)
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede Jesse Custer » 22/06/2025 19:40

Née avec des fluide glacial dans les mains, j'avoue ne pas comprendre certains parallèles, en même temps j'ai pas tout lu :P
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede papyjulio » 22/06/2025 21:57

gio a écrit:C'est pour ça que depuis le début, je dis que pour que l'œuvre soit pornographique, il faut qu'elles contiennent des procédés / techniques / codes servant à exciter le spectateur qui doivent être objectivement contenu dans l'œuvre et objectivement identifiables. As-tu identifié de tels procédés dans les BD de Vivès ?

Et bien, fellation, masturbation, éjaculation, peur d'être surpris, tabou de l'inceste, etc. Va faire un tour sur un site porno sérieusement... :fant2:
Tu demandes des procédés/techniques/codes précis mais tu inverses la charge de la preuve. Quels sont les procédés utilisés par Vivès qui te servent d'argument et qu'on ne retrouve pas dans les sites pornos ?
Tu as parlé de mensurations démesurées, de dialogues absurdes, de naïveté invraisemblable, d'absence d'empathie, de situations malsaines, de présence d'humour... Mais tout cela se retrouve dans le porno et souvent l'ensemble dans la même "histoire".
Que tu considères que ça n'est pas excitant ne suffit pas.
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede gio » 22/06/2025 22:03

Brian Addav a écrit:Une pièce une, une.
Et où, dans ce que tu as cité, vois-tu que je dis d'une façon ou d'une autre qu'un viol dans le porno "élimine le côté malsain" ? À aucun moment je n'ai dit ni ne sous-entend cela.

Jesse Custer a écrit:- Je me suis fait violence et j'ai lu les 55 premières pages de "les melons de la colère", car en effet il est préférable de lire un livre avant d'en parler..... Je verrai si j'ai le courage d'en lire plus, car ce n'est vraiment pas ma came, et j'ai trouvé que dans le 1er tiers de cet album il n'y avait pas d'humour ou de dérision mais seulement des scènes gratuites de violences sexuelles (qui peuvent à mon avis exciter certaines personnes mais je vous passe les détails [:bru:3] ).
Je te recommanderai tout de même de le finir pour avoir une vision d'ensemble (d'autant que cela se lit très vite). Il y a de l'humour dès le premier tiers, mais ce n'est peut-être pas un humour qui te parle, ce qui ne change rien au fait qu'il y en a. (Je te conseille à ce propos de lire mon post au sujet de l'humour de Bastien Vivès.)

(Je rappelle aussi que le fait que certaines personnes peuvent, sur la base de leur propre subjectivité, s'exciter sur une chose ne rend pas cette chose pornographique en soi. Des gens peuvent potentiellement s'exciter sur n'importe quoi ou presque.)

Jesse Custer a écrit:Le contenu reste pour moi immoral/tordu et l'auteur, toujours d'après moi ,est hypocrite en le présentant autrement !
Je n'ai pas connaissance que Bastien Vivès ait jamais présenté Les Melons de la colère comme une histoire qui raconteraient des choses morales et saines. Où as-tu vu quelque chose comme ça ? Je pense qu'il sait parfaitement que c'est tordu, délirant, choquant, provocateur et que les faits racontés n'ont rien de moraux. Je pense que c'est même ce qui l'intéresse.
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede Jesse Custer » 22/06/2025 22:07

En fait je pense que gio est un troll [:bdgest:2]

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Et comme on dit par chez moi et ailleurs : il ne faut pas nourrir un troll :siffle:
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede Olivier_D » 22/06/2025 22:40

toque a écrit:Et je trouve les comparaisons faite avec les autres œuvres et auteurs cité complétement hors de propos ;)


Plus que la recette du guacamole ou du tacos ? :-D
Cela dit tu as raison, on n'aurait pas dû faire ces comparaisons, ça disperse l'attention et ça rend le propos encore moins clair ;)
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede fanche » 22/06/2025 23:16

Jesse Custer a écrit:En fait je pense que gio est un troll [:bdgest:2]

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Un troll qui attendait en embuscade depuis plus de 20 ans son heure pour attaquer le convoi de melons alors [affraid]
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede Jesse Custer » 22/06/2025 23:27

Ben oui, c'est la saison et depuis il a eu le temps de maturer :lol:
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede Keorl » 23/06/2025 00:23

Jesse Custer a écrit:En fait je pense que gio est un troll [:bdgest:2]

Inscription le 22/06/2003, 146 messages dont 48 messages dans ce sujet :roll:

Et comme on dit par chez moi et ailleurs : il ne faut pas nourrir un troll :siffle:

L'argumentation de Gio n'a rien de trollesque.
On peut ne pas être d'accord, mais tout jeter à la poubelle facilement (plutôt qu'en argumentant) avec cette accusation gratuite, c'est un peu être le troll non ?
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede gio » 23/06/2025 03:38

papyjulio a écrit:Et bien, fellation, masturbation, éjaculation, peur d'être surpris, tabou de l'inceste, etc. Va faire un tour sur un site porno sérieusement...
Ce que tu énumères là, ce sont des pratiques sexuelles (que l'on peut trouver dans des œuvres non pornographiques, chez Gotlib, Vuillemin, Reiser, Édika, Crumb par exemple et de nombreux autres), et non pas des procédés ou techniques de mise en scène, d'image, de narration, servant à exciter le spectateur (dont le contenu pourrait être les pratiques que tu cites bien sûr, mais elles ne suffisent pas en elles-mêmes).

papyjulio a écrit:Tu demandes des procédés/techniques/codes précis mais tu inverses la charge de la preuve.
Pas du tout : c'est à celui qui affirme l'existence de quelque chose d'en apporter la preuve. J'ai déjà expliqué ce principe dans un message du 7 juin. Ce que je dis, c'est que je ne vois pas dans les BD de Vivès de procédés servant à exciter le spectateur (au contraire même, voir plus bas), qui prouveraient ainsi la nature pornographique de son œuvre. Et si en effet cela n'existe pas, je n'ai rien à prouver puisqu'on ne peut pas prouver une inexistence. La charge de la preuve n'est donc pas sur moi. C'est seulement à ceux qui affirment l'existence de tels procédés dans les BD de Vivès d'en fournir la preuve objective. C'est exactement ainsi que fonctionne la charge de la preuve.

papyjulio a écrit:Quels sont les procédés utilisés par Vivès qui te servent d'argument et qu'on ne retrouve pas dans les sites pornos ?
Je vais reformuler ta question avant d'y répondre : Quels sont les procédés utilisés par Vivès qui me servent d'argument et qui tendent à éloigner le lecteur de la stimulation sexuelle ? Cette reformulation n'est pas une esquive, je vais te dire pourquoi je le fais : parce que ta formulation initiale est biaisée en ceci qu'elle ne distingue pas entre ce qui est essentiel à la pornographie et ce qui ne l'est pas. Or il est tout à fait possible de trouver dans une œuvre pornographique un attribut qui n'est pas essentiellement pornographique. Par exemple, on peut trouver de l'humour dans la pornographie, mais l'humour n'est pas un attribut essentiel à la pornographie (ce n'est pas la présence d'humour qui rend une œuvre pornographique). Si nous prenions une œuvre sur laquelle nous étions tous les deux d'accord qu'il ne s'agit pas de pornographie, il pourrait être impossible de lui trouver une seule caractéristique qui n'a pas été utilisée à un moment donné quelque part dans la pornographie. C'est pour cette raison qu'il faut se concentrer exclusivement sur ce qui est essentiel à la pornographie et voir s'il y a des caractéristiques qui tendent chez Vivès à nous en éloigner.

Maintenant, pour répondre à la question, cela peut dépendre de l'album dont on parle, car c'est du cas par cas, mais puisque nous parlions des Melons de la colère, restons sur celui-là. (Ce qui veut dire que ma réponse pourrait différer si nous parlons de Petit Paul ou La Décharge mentale.)

Avant tout, il faut garder en tête deux choses :
1° Le plus important reste l'absence de procédés servant à l'excitation. Cette absence, par définition et par logique, je ne peux pas la décrire ou la lister, puisque c'est une absence.
2° Je ne prétends pas que dans la liste ci-dessous, une seule de ces caractéristique isolée serait nécessairement suffisante. C'est un ensemble et cela doit toujours rester conjugué au point 1 qui est la base (jusqu'à preuve du contraire).

  • Le caractère esquissé / minimaliste (l'absence de détails et de précision, l'économie graphique) qui n'invite pas à la contemplation lubrique mais à une lecture rapide.
  • L'inexpressivité graphique des personnages (par exemple, leur absence de visage alors que la tête est visible).
  • La froideur de la mise en scène qui se manifeste par l'absence de réaction (ni plaisir ni douleur) visible ou mis en exergue chez les personnages pendant les scènes sexuelles.
  • La faible proportion de cases sexuelles dans la BD, la plupart des scènes étant éphémères, la scène incestueuse l'étant moins mais se lisant tout de même très vite.
  • Le contexte général qui tourne tout à la dérision, à l'absurde et à l'excès humoristique (avec dans l'album une majorité de scène humoristiques qui ne sont pas des scènes de sexe) + le fait que l'unique scène incriminée ne soit pas une fin en soi mais serve ce récit plus général fait pour susciter le rire.
  • Le contexte général qui met l'accent sur la détresse et le traumatisme de la famille, avec un côté empathique (par exemple une case représente le traumatisme de Magalie après un viol en réunion).
  • L'organe géant de Petit Paul (dans le contexte de tous les points qui précèdent) qui donne une dimension grotesque / ridicule et suscite le rire.
  • L'ensemble des points précédents + l'absence de procédés opposés + l'arrivée inattendue, incongrue et choquante de la scène incestueuse par rapport au reste de l'histoire + les aspects décalés de la scène (parallèle avec la vache à René, organe géant de Petit Paul, remarque sur le "bout qui dépasse") => procédé de type "humour de malaise" servant à susciter un rire d'une situation malaisante.

papyjulio a écrit:Tu as parlé de mensurations démesurées, de dialogues absurdes, de naïveté invraisemblable, d'absence d'empathie, de situations malsaines, de présence d'humour... Mais tout cela se retrouve dans le porno et souvent l'ensemble dans la même "histoire".
J'ai parlé aussi d'autres choses, et je n'ai pas parlé d'absence d'empathie à propos des BD de Vivès (au contraire).

Mais surtout, tu sembles toujours dans une confusion entre le "quoi" et le "comment". Je vais essayer d'être aussi clair que possible. Je ne me contente pas de relever la présence d'éléments comme si leur seule présence déterminait en soi une incompatibilité avec la pornographie. Comme je l'ai expliqué plus haut, je ne pense pas que l'on puisse faire cela ; et si c'était ce qu'on attendait, on ne pourrait jamais montrer que la moindre œuvre n'est pas pornographique, elle contiendrait toujours des choses que l'on pourrait aussi trouver dans la pornographie. (Or on a pas prouvé pour cela qu'elle est pornographique. Là est le renversement de la charge de la preuve. La base de mon argument reste l'absence de procédés d'excitation chez Vivès.) Car ce qui constitue la pornographie ce n'est pas tant un type de contenu qu'un registre, c'est-à-dire une manière de représenter le sexe pour l'excitation. Parler de pornographie par la seule présence de certains contenus, c'est l'approche que Brian et toi avez adoptés : considérer que la simple présence de certaines choses détermine le registre et la moralité d'une œuvre, indépendamment de la manière dont elles sont présentés. Et vous me prêtez cette même approche. Or ce que j'essaye de faire, c'est de montrer comment certains éléments sont utilisés et conjugués afin de susciter une réaction autre que celle que recherche la pornographie. C'est pour ça que je parle de "procédés" ou de "techniques". Si on prend l'humour par exemple, je n'ai jamais dit : "il y a de l'humour donc cela ne peut pas être pornographique". J'ai plutôt essayé de faire valoir que les scènes incriminés servent à faire rire (et bien sûr, cela ne fait pas rire tout le monde, mais là n'est pas le sujet) et non à stimuler sexuellement. Dans la pornographie, il peut naturellement y avoir de l'humour, mais au bout du compte, les scènes de sexe qui constituent la nature pornographique de l'œuvre resteront destinés à l'excitation sexuelle et non à l'hilarité du spectateur. (C'est la différence avec Gotlib par exemple et elle est importante.) Une œuvre où tout les éléments sont exclusivement utilisés pour faire rire le spectateur/lecteur et jamais pour l'exciter sexuellement n'est pas de la pornographie, et ce même s'il y a du sexe.

papyjulio a écrit:Que tu considères que ça n'est pas excitant ne suffit pas.
Le problème n'est pas que "je ne considère pas cela excitant" (la question n'est pas là, ce n'est pas une affaire subjective) c'est que je n'identifie aucun procédé, technique ou code délibéré qui serviraient à stimuler sexuellement un lecteur. Ce n'est pas la même chose.
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede ubr84 » 23/06/2025 07:47

Jesse Custer a écrit:[:fantaroux:2]
Je remets aussi une pièce dans le bouzin :

- Je me suis fait violence et j'ai lu les 55 premières pages de "les melons de la colère", car en effet il est préférable de lire un livre avant d'en parler..... Je verrai si j'ai le courage d'en lire plus, car ce n'est vraiment pas ma came, et j'ai trouvé que dans le 1er tiers de cet album il n'y avait pas d'humour ou de dérision mais seulement des scènes gratuites de violences sexuelles (qui peuvent à mon avis exciter certaines personnes mais je vous passe les détails [:bru:3] ).

- Pour un album n’étant pas censé être porno son titre peut quand même faire tiquer et me fait penser à blanche fesse et les 7 mains, mais bon admettons que le titre est " humoristique" et ne reprend pas les codes des titres de ce type de productions...

-Le contenu reste pour moi immoral/tordu et l'auteur, toujours d'après moi ,est hypocrite en le présentant autrement !

- Sinon, merci gio d'avoir pris la peine de me répondre avec des phrases courtes, cela m'a permis d'avoir un regard plus objectif sur tes échanges.
-


Les melons c'est une histoire de vengeance, il faut le lire jusqu'au bout.

Il n'a pour moi rien à voir avec Petit Paul, dans celui là les violeurs de la jeune fille sont punis à la fin -> cela fait tomber une partie des accusations de complaisance de Vives vis à vis du viol dans celui là.
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede fanche » 23/06/2025 08:13

ubr84 a écrit:Les melons c'est une histoire de vengeance, il faut le lire jusqu'au bout.

Il n'a pour moi rien à voir avec Petit Paul, dans celui là les violeurs de la jeune fille sont punis à la fin -> cela fait tomber une partie des accusations de complaisance de Vives vis à vis du viol dans celui là.


tutafé, ici c'est le procès de petit Paul . Si on ne devait s'en tenir qu'à la lecture des melons on aurait sans doute pas eu matière à débattre autant.
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede papyjulio » 23/06/2025 10:41

J'avais commencé une réponse point par point mais en fait c'est trop chronophage, je laisse tomber. En gros tous les arguments de Gio sont respectables mais peuvent être retournés (et inversement). Comme par exemple la taille du pénis de l'enfant qui peut être considéré comme burlesque d'un coté ou de l'hypersexualisation d'un enfant de l'autre...

Ce qui reste c'est l'intentionalité ou non de l'auteur de faire du porno.
C'est là que les propos de Vivès prennent toute leur importance et montre assez clairement que l'excitation, le désir, les tabous et les fantasmes que ses BD peuvent déclencher sont clairement des moteurs de son œuvre.

Par exemple :
" Moi je vous vends une petite histoire d'amourette sur la plage et puis on se dit "merde, attends, ça m'excite mais ça devrait pas m'exciter", ou alors "attends, mais le gamin a vraiment 13 ans ? Mais c'est quand même un peu jeune?" Il faut amener, tranquillement, avec confiance, le lecteur vers un endroit qu'il ne connait pas pour le surprendre et surtout pour le faire réfléchir sur sa vie, ses goûts, ses envies"....


"je peux le comprendre quand le lecteur ne s'attend pas à de tels dessins. Cependant, ce qui m'a gonflé avec cette histoire c'est que j'ai du me défendre en disant que c'était une farce alors qu'au contraire, c'est une bande dessinée que je voulais très sérieuse. "Petit Paul" a été réfléchi dans cet esprit. Ce gamin avec ce sexe énorme est comme doté d'un incroyable pouvoir au même tire qu'un dessinateur à du talent"..." ?


Journaliste : Avec « Les Melons de la Colère » ou encore « Petit Paul », vous mêlez bande dessinée et pornographie. Le genre était-il pour vous quelque chose que vous deviez absolument adapter ?
Vives : Lorsqu’on parle des rapports humains, il faut parler de la sexualité. C’est même un aboutissement. Le désir lui-même est lié au dessin. Je ne vois pas comment on ne peut pas évoquer la sexualité lorsqu’on parle de désir en tant que dessinateur. Les relations humaines ne sont pas que des problèmes. La sexualité est une libération.

De plus, j’ai toujours aimé l’humour avec des gros sabots. Rire de la sexualité permet de la dédramatiser. En même temps, je l’aborde aussi sous un aspect sérieux. A ce moment-là, c’est plus de l’érotisme que de la pornographie.


« Je me suis toujours senti plus proche des personnages féminins que des garçons, et cela transparaît dans mes albums. Je fantasme d’être un petit garçon avec une bite de 80 centimètres, mais aussi une nana avec de super gros nichons que tout le monde regarderait. Je conçois que ma représentation de la femme suscite du rejet, notamment à cause du male gaze, mais à chaque fois que je montre un personnage féminin, c’est à travers les yeux d’un autre protagoniste — sauf dans Le Chemisier, parce que l’héroïne se regarde elle-même en train de découvrir sa sexualité. J’ai toujours représenté le désir, c’est ça qui m’intéresse, pas raconter la vraie vie des gens. (...) »
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Re: Petit Paul - Bastien Vivès - Glénat

Messagede gio » 24/06/2025 19:23

ubr84 a écrit:Il n'a pour moi rien à voir avec Petit Paul, dans celui là les violeurs de la jeune fille sont punis à la fin -> cela fait tomber une partie des accusations de complaisance de Vives vis à vis du viol dans celui là.
Le grief qui est fait aux Melons de la colère ne concerne pas tant une complaisance à l'égard du viol que la scène incestueuse entre Petit Paul et sa soeur (et il n'y a aucune punition à la fin à ce sujet). C'est sur cette unique scène que Brian Addav base sa mise en accusation.

papyjulio a écrit:Comme par exemple la taille du pénis de l'enfant qui peut être considéré comme burlesque d'un coté ou de l'hypersexualisation d'un enfant de l'autre...
Mais comme je l'ai dit, ce que je veux faire valoir n'est pas tant la présence de certains éléments comme probants par eux-mêmes, que la façon dont ils sont délibérément utilisés pour susciter une certaine réaction. C'est ce qui est crucial. J'ai dit aussi qu'il était important de voir l'ensemble des caractéristiques, et non en isoler ou décontextualiser certaines. Je pense qu'on peut montrer 1° que la façon dont la surdimension de l'organe de Petit Paul est utilisée dans le récit, ainsi que le contexte dans lequel se trouve cet élément servent une fin humoristique ; 2° que d'autres éléments que j'ai mentionné tendent à réfuter l'idée d'un procédé d'"hypersexualisation" de la part de l'œuvre. (Quoique le terme soit équivoque, car en un sens, c'est bien une "hypersexualisation", mais celle-ci sert une fin humoristique et non d'excitation sexuelle, or c'est ce qui importe.)

papyjulio a écrit:Ce qui reste c'est l'intentionalité ou non de l'auteur de faire du porno. C'est là que les propos de Vivès prennent toute leur importance et montre assez clairement que l'excitation, le désir, les tabous et les fantasmes que ses BD peuvent déclencher sont clairement des moteurs de son œuvre.
On en revient là à ce que disait Toque page 30 et je te ferai donc la même réponse que j’ai faite à ce moment-là. Une œuvre est (et doit être) autonome : pour comprendre, interpréter, analyser une œuvre quelle qu'elle soit de façon objective, il faut uniquement tenir compte des éléments qu'elle contient objectivement et exclure ce qui en est extérieur (et notamment les propos de l'auteur sur son œuvre, ses intentions déclarés, etc.). C'est-à-dire que même si Bastien Vivès disait que ses BD sont pornographiques et destinées à exciter sexuellement son lectorat (ce qu'il n'a jamais dit à ma connaissance), cela ne changerait pas son œuvre. Dans une telle hypothèse, je considérerais toujours que ses albums ne contiennent pas cela, quoi qu'il dise. Et je pourrais être simplement en désaccord avec lui.

Ensuite, il faut se méfier du biais de confirmation. Lorsqu'on aime pas une personne, qu'on a déjà un préjugé en tête, et surtout lorsqu'on est enclin à faire un procès d'intention sans preuve, on peut aisément réunir des citations éparses qui veulent dire et parlent dans leur contexte de diverses choses précises (que l'on néglige), mais dont la moindre équivoque est exploitée pour servir la thèse qui a déjà été posée dès le départ et attribuer rétrospectivement à des propos une signification qu'ils n'avaient pas nécessairement. Surtout lorsqu'il s'agit de propos spontanés, par opposition à des propos écrits et réfléchis. (Les théories du complot notamment fonctionnent souvent avec ce genre de biais. Vivès a d'ailleurs caricaturé leur utilisation dans son album L'affaire Bastien Vivès lorsqu'il se retrouve dans un stage sur la pédophilie, qu'il dit "J'pensais qu'il y aurait d'autres personnes..." et qu'on lui demande : "Vous trouvez qu'il n'y a pas assez de pédophiles en France ?") Nous avons déjà vu comment, dans la citation "l'inceste ça m'excite à mort" prononcée par Vivès, le verbe "exciter", dont l'usage dans le contexte entier indiquait qu'il s'agissait d'excitation intellectuelle de traiter des sujets tabou a été détournée de son sens par les accusateurs de Vivès.

Il est donc crucial, concernant les quatre citations que tu as donné, de les sourcer, de les contextualiser autant que faire se peut et de s'assurer de ne pas les détourner de leur sens.

  • La première citation que tu donnes provient de cette interview pour Radio Nova en décembre 2017, à l’occasion de la sortie de Attention chien méchant, avant que la polémique sur Vivès ne commence à éclater.
  • La deuxième et la troisième citation proviennent de cette interview de mars 2022 pour le site Paratonnerre, où les deux citations se suivent, mais dans l’ordre inverse où tu les a donnés.
  • La quatrième citation provient d’une interview pour Télérama en décembre 2022 où il revient sur les accusations dont il est l’objet.

La première citation fait référence à l'album Une Sœur, qui ne fait pas partie des albums incriminés par la justice. Cet album n'a rien de pornographique (il a d'ailleurs été adapté au cinéma et ce n'est pas un film X). Il raconte le premier amour et les premiers émois d'un adolescent de 13 ans avec une fille de 16 ans, il y a sur les plus de 200 pages que compte l'album quelques cases à caractère sexuel, qui doivent se compter sur les doigts de la main et qui ne sont clairement pas montrées de façon pornographiques. (Un peu comme dans Black Hole de Charles Burns.) Il y a effectivement une atmosphère érotico-amoureuse qui se dégage de cette histoire, mais pas du tout sous forme d'un regard pervers ou lubrique ou pédophile. Si on l'a lu, faire croire que cette BD porterait un regard pervers sur des adolescents de 13/16 ans me semble absurde et indéfendable. À la lecture de l'album, je pense que la réaction que cherche à susciter Une Sœur serait de l'ordre de : "On aurait aimé vivre quelque chose comme ça à l'époque." Il y a donc quelque chose qui relève du "fantasme" au sens large. (Et je ne parle évidemment pas du sexe en particulier, qui ne représente qu’une partie infime de l’histoire, mais de l’ensemble.) Je pense que c'est le sens des propos de Vivès. Par conséquent, ayant lu la BD dont il parle, je peux voir à peu près ce qu'il veut dire parce que j'ai en tête l'objet auquel il fait référence (c'est aussi pour ça que l'intervieweur n'a pas été choqué, mais il aurait dû lui demander de clarifier)... tout en pensant qu'il a été maladroit dans ses propos, notamment dans l'enchaînement des phrases. Mais il ne pouvait pas forcément anticiper alors, dans cette prise de parole spontanée de quelques secondes, ce qui allait arriver quelques années plus tard.

La deuxième et troisième citation concernent Les Melons de la colère et Petit Paul. Lorsqu'il dit "j'ai du me défendre en disant que c'était une farce alors qu'au contraire, c'est une bande dessinée que je voulais très sérieuse" il n'est pas en train de nier la dimension humoristique, et la preuve de cela, outre la BD qui parle d'elle-même et qu'on peut lire, c'est ce qu'il dit juste avant, c'est-à-dire dans la troisième citation (qui se trouvait juste avant la deuxième dans l'interview) où il dit que ces BD sont humoristiques et faites pour rire, en ajoutant simplement qu'elles comportent aussi un côté sérieux : "...j’ai toujours aimé l’humour avec des gros sabots. Rire de la sexualité permet de la dédramatiser. En même temps, je l’aborde aussi sous un aspect sérieux." Mais ce "côté sérieux" ne signifie pas qu'elles sont faites pour exciter sexuellement leur lectorat, ce serait faire un raccourci et un procès d'intention. Il dit que le côté sérieux qu'il attribue à Petit Paul, est une métaphore sur les capacités hors normes (tel un dessinateur qui a du talent), cela n'a donc rien à voir. Et lorsqu'il dit "c’est plus de l’érotisme que de la pornographie" je pense qu'il veut justement indiquer le fait que ses BD ne sont pas pornographiques, et qu'il emploie le mot "érotisme" par opposition à "pornographique" pour souligner le fait que ses BD ne contiennent pas du sexe pour du sexe (c'est-à-dire pour de la masturbation), mais à des fins autres justement, qu'il y a une histoire et que c'est ça qui est vraiment important.

La quatrième citation parle de "fantasme" (dans un sens qui peut être large) et de désir, et personne ne nie que ces sujets existent dans ses BD — toute la question étant le registre qu'il utilise pour en parler — mais jamais il ne dit que ses BD sont pornographiques, faites pour s'exciter et se masturber. En outre, si on considère que les propos de l'auteur peuvent déterminer la signification objective de l'œuvre (ce avec quoi je ne suis pas d'accord pour de multiples raisons), alors il faudrait prendre en compte tous les propos, et pas seulement ceux qui arrangent une certaine thèse. Dans la même interview dont provient cette citation, Bastien Vivès dit aussi ceci par exemple : "Si l’on prend toutes les interviews que j’ai données, il y a bien des moments où je fais de la provocation, mais aucune où je dis sérieusement : 'L’inceste est une bonne chose.' En revanche, j’ai pu avoir des discussions sur la représentation de l’inceste, ou la différence entre représentation et apologie." et à la même période (mi décembre 2022), il dit aussi : "Je condamne la pédocriminalité, ainsi que son apologie et sa banalisation. (...) En aucun cas mes livres ne doivent être lus sous le prisme de la complaisance envers ces crimes. (...) Mes quatre livres dits "pornographiques" (...) s'inscrivent dans un genre burlesque humoristique." Note bien qu'il a écrit : "dits "pornographiques"" avec le "dits" et en mettant "pornographique" entre guillemet avant d'indiquer ce qu'il considère être le genre de ses BD : l'humour.

Dans le film Le Nombre 23 avec Jim Carrey (qui n'est pas forcément un grand film mais qui a cet aspect intéressant), ce dernier a l'idée que le nombre 23 serait la clef de tous les mystères de l'univers. Et partant de cette hypothèse complètement arbitraire, il voit le nombre 23 absolument partout et il lui attribue toujours une signification mystique, parce qu'il a cette idée en tête dès le départ, donc il voit ce qu'il a envie de voir, trouve ce qu'il cherche et l'aurait trouvé quelle que soit la réalité. Si on prend la culpabilité de Vivès pour point de départ, on va interpréter tout ce qu'il dit et fait dans ce sens, rassembler tout ce qui pourrait être interprété dans ce sens de près ou de loin, en négligeant tout ce qui contredit cela. C'est souvent ainsi que fonctionne un biais cognitif.
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