Cabarezalonzo a écrit:C'est le côté clinique et froid du dessin qui peut rebuter. Les amateurs y trouvent leur compte, cet aspect étant compensé par l'intelligence des compositions.
J'ai toujours eu du mal avec cet argument là. Ca revient à considérer qu'en bande dessinée, seul le dessin, seul le trait peut être le vecteur d'une émotion. Comme si tous les autres paramètres de la narration graphique ne comptaient pas. Or ce qui fait la particularité de Chris Ware c'est justement qu'il utilise une palette bien plus complexe de formes que la plupart des autres auteurs, aboutissant sur une partition d'une richesse hors du commun. C'est cette richesse formelle qu'on ne peut apprécier qu'une fois plongé dans la lecture, qui provoque l'émotion.
On voit très bien que ces choix graphiques sont cohérents par rapport à toute l'architecture qui sert à construire le récit. D'ailleurs on voit que quand Chris Ware fait du dessin pour lui-même dans ses carnets de croquis, son style n'est plus du tout le même.