[PREVIEW] Silent Jenny - Mathieu Bablet - Rue de Sèvres

[Le Tapir]

Message précédent :
Ce qui fait plaisir, à vous lire, c'est le côté phénomène de la bd que tout le monde semblait attendre. Ça faisait longtemps qu'une bd n'avait pas suscité un tel engouement ici, enfin, il me semble...

[nexus4]

Il y aura une expo du 23 octobre au 15 novembre chez "Achetez de l’Art" Paris 11

Oui c'est ce soir.
19h au 24 rue de Lappe (Bastille)

[nexus4]

Ah le 2e épisode / 3 de l'interview de Mathieu Bablet en work in progress.

[scarwiz]

Ah le 2e épisode / 3 de l'interview de Mathieu Bablet en work in progress.

Je suis justement en train d'écouter le premier ! J'invite vraiment les lecteurs à écouter, c'est super intéressant pour l'instant. À noter notamment que Bablet a fait une Tarantino, et a annoncé qu'il avait encore deux one shots en stock avant de tourner la page sur la BD (plus ou moins)

[nexus4]

Je suis justement en train d'écouter le premier ! J'invite vraiment les lecteurs à écouter, c'est super intéressant pour l'instant.

Le gars qui bosse à la règle sur sa Cintiq pour garder le coté tracé humain.

[coyoterebelle]

Je viens de finir, ça m’a tenu la semaine. J’ai noté des influences, conscientisées ou non, du côté de chez Terry Gilliam, Caro & Jeunet, Moebius par moment également, mais ça a aussi fait écho chez moi à l’ouvrage de Fourquet sur l’archipelisation de la France, fragmentée en îlots.

J’ai été sensible à l’histoire et au point de vue de l’héroïne voulu par Bablet. On sent que l’histoire et le propos sont plus grands que les personnages eux mêmes, auquel l’auteur n’accorde que peu d’intérêt dans leur représentation parfois sommaire, au contraire des décors et des engins qui fourmillent de détails par endroits.

Ça a été relevé plus haut, mais pour moi ça a été un facteur bloquant pour s’identifier aux personnages. La grossièreté naïve des traits d’une case à l’autre, les proportions parfois aberrantes avec les nez qui semblent rajoutés par dessus, m’ont parfois complètement sorti de l’histoire, me faisant focaliser sur un parti pris graphique qui m’a déconcerté par moments, voire rebuté.

Je pense que c’est un parti pris pour que le lecteur considère que la trame et les enjeux sont au dessus des personnages, mais ça vient en contradiction avec le titre de l’ouvrage qui s’attache à un personnage en particulier, Jenny.

J’entends que d’autres ont réussi à en faire abstraction et c’est tant mieux. Malgré cela je trouve l’ouvrage réussi, c’est une belle parabole sur les enjeux sociétaux actuels et en devenir (l’esprit communautariste, le repli sur soi, l’exposition aux polluants, la mainmise de grands groupes sur l’ordre des choses….). C’est vraiment un ouvrage original, assez puissant avec des planches franchement magnifiques. Un achat que je conseille, ne serait ce que pour l’originalité de son univers et la modernité de son propos avec un questionnement en résonnnance avec les problématiques qui se posent à nous actuellement.

[Martial78]

Ex-Libris Momie (Version 1000 ex.)

[Cooltrane]

lecture sur trois soirées et demie.
Objet superbe (et raisonnable niveau prix), et j'aime bien les couleurs dans ce monde assez bien construit - même si on peu se demander comme ces monstres à chenilles parviennent à ne pas se renverser au moindre gravier sous eux.
Je préfère SJ à C&S, mais loin derrière Shangri-La

Première remarque: +/- 100 pages de trop et parfois, on se demande ce qu'on doit voir dans bcp trop de cases (j'ai pas envie de déchiffrer du dessin à chaque 10 cases), d'autant plus que le scénar n'est déjà pas évident à suivre. Heureusement que le tout semble s'assembler en forme de puzzle sur la fin, mais pour moi, c'est trop tard, car je ne relirai pas pour voir si tout cela se tient. Et puis ces dernières pages avec le retour du vert (brièvement entraperçu en milieu d'album).... Faut-il y voir de l’optimisme?

Autre remarque, mais niveau personnages. Passe encore pour les pieds difformes , mais les visages...
Et plus particulièrement celui de Jenny: de face, OK, mais de profil...

[Maelstorm]

Assez aligné avec les commentaires des 2 personnes ci-dessus.

J’ai essayé d’en attendre le moins et d’en lire le moins avant de l’ouvrir, car souvent avec de telles grosses sorties, ça mène à des deceptions. Mais là à la moitié je sentais déjà que quelque chose n’allait pas. Le visage de l’héroïne et des personnages clefs, lesquels on survole par ci par là. L’impression de se faire balader dans un monde bien réfléchi mais sans vraie histoire à raconter. Je ne pense pas que je le relirai. Ça reste une bonne bd, mais loin derrière ce que Bablet a fait avant.

[jfmal]

Il m’a fallu trois jours pour venir à bout de ce pavé.
Je me suis plutôt senti bien dans cet univers malgré des longueurs et une incohérence majeure: cette Monade (village roulant) au centre du récit, à laquelle aucun lecteur un tant soit peu critique, ne peut croire. Du reste, l’auteur ne tente même pas de nous en expliquer le fonctionnement.
Autre problème majeur, déjà relevé dans les commentaires précédents: le dessin de Bablet souffre d’énormes lacunes. Il est incapable de dessiner correctement un corps ou un visage. L’empathie que nous devrions éprouver pour les personnages n’est du coup pas vraiment là.
Enfin la conclusion que je trouve pour ma part, incompréhensible! C’est quand même assez contrariant pour le lecteur qui s’est accroché pendant plus de 300 pages, de ne pas comprendre ce que l’auteur a voulu exprimer.

Mais ne vous méprenez pas, j’ai malgré tout souvent été sous le charme de cette lecture. J’en ai apprécié le rythme lent et ce talent qu’a l’auteur de créer son univers notamment par le biais de décors majestueux.

Mais quand même, en regard des attentes exprimées sur ce forum et de la mise en place monumentale faite par l’éditeur (150000 ex), je me demande si Mathieu Bablet n’est pas un peu surestimé?

[Casou]

Autre problème majeur, déjà relevé dans les commentaires précédents: le dessin de Bablet souffre d’énormes lacunes. Il est incapable de dessiner correctement un corps ou un visage. L’empathie que nous devrions éprouver pour les personnages n’est du coup pas vraiment là.

Je me faisais encore la réfléxion hier en voyant Silent Jenny remplir du sol au plafond les librairies. Il peut y avoir des qualités par ailleurs, je l'entends, mais c'est quand même fou, quand on voit la place qu'il occupe dans le monde de la BD.
D'ailleurs, les enfants casqués, les microïdes au visage ravagé, les personnages en combinaison, c'est à se demander à quel point c'est une bénédiction pour lui.

[nexus4]

Pour moi, la monade c'est la part du conte. Un axiome de départ, un artifice pour nous mettre en situation d'une communauté nomade. C'est la projection des touareg dans l'univers de Bablet. Cette science fiction là n'a pas pour périmètre la réalité. Les monades ne sont ni plus ni moins crédible que le reste de l'humanité réduite à un unique building. L'un est la métaphore d'une administration centrale, immobile, l'autre celle de la liberté et de ses sacrifices.

Je l'ai reçu comme la traduction de cette tirade de Théodore Monod

Ces populations cherchent à conserver leur autonomie. Leur autonomie culturelle, historique etc. Comment ces populations sont actuellement traité par les pouvoirs centraux. Les pouvoirs centraux ont toujours détesté les nomades. Il faut dire les choses telles qu'elles sont. Parceque les nomades sont des hommes libres. Hors les hommes libres pour les ministères, pour les bureaux, c'est inacceptable.

Le fonctionnement des monades n'a pas plus d'intérêt que le train entre les étoiles de Tillie Walden de son "Dans un rayon de soleil". C'est un véhicule du récit (au sens propre et figuré ).

Pour l'anatomie, après une brève amélioration, Bablet retombe dans ses travers, ce qui a finalement l'intérêt de garder une distance affective salutaire vis à vis d'un récit très très sombre.

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Et revois à l'occasion de ce post les premières images N&B avec encore le bleu du crayonné que j'avais postées en ouverture du sujet, vivement que cette version existe. Je crois que je le préfère encore à la version couleur.

[jfmal]

Oui oui, j'ai bien compris cette dimension symbolique des Monades.

N'empêche que cette Monade dans les proportions que lui donne Bablet, va obligatoirement se renverser à la première ornière venue... Genre de "détail graphique" qui peut sortir le lecteur de l'histoire (c'est mon cas) et qui devient donc une erreur narrative.

Pour ce qui est de penser que les grosses lacunes de Bablet en matière de représentation de l'humain, ont finalement le mérite de préserver le lecteur d'une trop grande empathie pour les personnages... Je trouve l'argument foireux

Reste la question de la conclusion du récit. Je n'ai simplement pas compris que que Bablet représente sur les dernières pages, et donc ce qu'il veut nous dire. Et vous?

[fanche]

N'empêche que cette Monade dans les proportions que lui donne Bablet, va obligatoirement se renverser à la première ornière venue... Genre de "détail graphique" qui peut sortir le lecteur de l'histoire (c'est mon cas) et qui devient donc une erreur narrative.

Donne l'exemple d'un engin aux proportions hors normes qui tienne la route dans un récit de SF

[ptifrise]

Troisième lecture de cet album... quelle merveille
C'est sombre, c'est pessimiste mais c'est tellement brillament mis en scène.

[jfmal]

Ah ben voilà, tu vas peut-être pouvoir nous expliquer la fin!?!

[Cooltrane]

N'empêche que cette Monade dans les proportions que lui donne Bablet, va obligatoirement se renverser à la première ornière venue... Genre de "détail graphique" qui peut sortir le lecteur de l'histoire (c'est mon cas) et qui devient donc une erreur narrative.

Donne l'exemple d'un engin aux proportions hors normes qui tienne la route dans un récit de SF

Vu la hauteur et largeur (enfin étroitesse) de celle qui nous occupe, on est pas loin d'une moto à une roue, malgré un set de roue qui font office de roues d'apprentissage pour vélo de 5 ans..
La doubler de largeur et y mettre trois ou quatre train de chenille aurait été plus crédible.

Je te proposerais bien l"engin de Cyann et Nacara dans 6 Saisons sur Ilo

[nexus4]

Reste la question de la conclusion du récit. Je n'ai simplement pas compris que que Bablet représente sur les dernières pages, et donc ce qu'il veut nous dire. Et vous?

Je l'ai évoqué, je crois, lors de mon retour de lecture et l'échange qui s'en est suivi.
Pour moi les trois livres de la trilogie SF ont une fin similiaire : faire table rase et reconstruire un nouveau monde.
Aussi noirs que soient les albums, ils ont des fins ouvertes, optimistes (enfin plus que le reste des histoires ) Dans Shangri-La, c'est une nouvelle civilisation avec un paradigme différent du capitalisme et dans C&S, ils quittent le monde tangible pour construire une civilisation numérique. Pour Silent Jenny, c'est la jeune génération qui coupe le cordon ombilical avec leur monade native. Mais dans un contexte plus général Bablet se trouvait face à un problème : représenter des gamins qui s'émancipent en prenant joyeusement le large ne les affranchit pas physiquement d'un monde en déliquescence, crépusculaire, incapable de subvenir à leurs besoins (ce qui était le cas dans les deux autres tomes). Alors pour appuyer sur le fait que "tout va bien aller", il utilise le bombyx comme allégorie d'un nouvel ensemencement du monde, la nature va tout contaminer et reprendre ses droits.

C'est une fin un peu bancale, comme la fin de Brazil version US. L'histoire s'arrête vraiment quelques pages avant.
Dans la 2° interview que j'ai linkée plus haut, Bablet dit que la fin était pessimiste et que c'est sa femme qui lui a conseillé d'éclaircir un peu l'horizon.

Pour ce qui est de penser que les grosses lacunes de Bablet en matière de représentation de l'humain, ont finalement le mérite de préserver le lecteur d'une trop grande empathie pour les personnages... Je trouve l'argument foireux

Oui ca n'a aucune valeur, discussion de bistrot.

[nineinchrem]

Je n'étais pas sûr non plus d'avoir compris la fin...
Optimiste peut-être mais aussi pessimiste d'un autre point de vue, ce n'est pas très clair sur ce qui se passe et après 300 pages c'est dommage de conclure si vite... d'autant que même si l'univers est magnifique il y a peut-être 100 pages de trop...

[ubr84]

J'ai écouté Bablet parler de son livre à quai des bulles.
Pour lui le récit est optimiste, il conclue sa trilogie SF sur le parcours personnel d'un "tout est foutu" dans shangri la à un "on peut s'organiser en monades" ici; en simplifiant son propos de mémoire.

Il disait que les retours des lecteurs étaient moitié moitié optimistes / pessimistes sur la compréhension du récit. Et je l'ai senti un peu étonné. Pour lui il a écrit un récit résolument optimiste sur la possibilité de proposer une utopie concrète au sein du monde apocalyptique que l'on est en train de voir venir.

L'idée je crois est que l'apocalypse vient, ce n'est plus une question d'optimisme ou de pessimisme. On le voit, on ne sait pas freiner, personne ne traite la crise climatique. La fin du monde tel qu'on le connaît est un fait établi.
La question qui nous reste c'est que fait-on maintenant.
Se morfondre et ressasser à chercher des abeilles c'est noir.
Proposer autre chose et avancer dans une monde c'est optimiste.

Rangez vos lunettes noires et soyez optimistes un peu !

[nexus4]

la possibilité de proposer une utopie concrète au sein du monde apocalyptique

Utopie, utopie... On n'a visiblement pas le même dico.