de Deheffe Chevelu » 21/05/2025 17:11
Voici venir la fin. En deux temps.
Lentement, le graphisme évolue et la tête de Spirou enfle, au diapason de la libido de Fantasio. Dans ces années-là, je ne lis plus l’hebdo depuis un moment. Je chope les albums de ci de là, entre des dizaines d’acquisitions de CD qu’aucun soldeur ne voudrait aujourd’hui stocker sous ses piles de vinyles poussiéreux, déchirés et nazes. Ca tombe bien, je n’ai aucune intention de m’en débarrasser.
Pas plus que des quatre derniers volumes signés Tome & Janry dans la série dite mère de Spirou & Fantasio.
Et pourtant. Je ne peux pas dire que je les kiffe à outrance.
Vito La Déveine. Tome 43
Un de ses rares points positifs est de proposer un huis-clos dans un espace aussi ouvert qu’un atoll. Il reste drôle et magnifiquement exécuté picturalement.
C’est peu de dire qu’il ne s’y passe pas grand chose et que le recours à des farces grotesques y est encore présent. J’aime pas trop, mais j’aime bien. 12/20
Retour au village pour « Le Rayon noir » et Vito commence à sérieusement taper l’incruste dans la série, d’autant qu’on ne va pas tarder à le revoir.
Une bout de discussion vaudrait le coup au sujet de ce tome 44, relativement à la récente polémique « Gorgone ».
Je trouve un peu fort de café (au lait) d’attaquer un livre à la vocation clairement antiraciste, sous prétexte qu’il est un peu vieux et présente un black-face en couverture. Un podcast dérivant de la bronca sur Dany et s’en prenant aussi allègrement à Peyo invitait il y a quelques mois les auteurs à « prendre des cours d’antiracisme ». Mouais. Mais n’envenimons pas la situation, il y a déjà un topic dédié et ultra répétitif qui n’en finit pas de tourner en rond.
Pour faire court : c’est pas le pire, mais c’est très loin d’être le meilleur. 11,5/20
Nous en arrivons fatalement à Luna Fatale. L’avant-dernier du duo et donc très probablement l’antépénultième de Janry.
A première vue, ça ressemble fort à une suite du T39, voire à un remake, limite à une redite.
C’est un peu plus compliqué. Et cet album fonctionne diaboliquement bien. C’est assurément l’un des meilleurs, comme j’ai pu le lire par ici, et s’il n’atteint pour moi que la note illégitime de 13/20, c’est parce que - vous l’aurez compris - je ne suis pas client du personnage de Cortizone et que je suis moyennement convaincu par l’intrusion du sexe dans la série. Je ne dis pas qu’il ne faut pas le faire, je dis que de cette façon ça n’emporte pas mon suffrage.
Plus l’effet déjà-vu, plus la permanence de cet équilibre instable entre humour et pantalonnade - qui marchait bien mais commence à lasser même les auteurs (le T46 rompra avec ce travers et le Petit Spirou héritera des blagues de pets et autres flirts avec le sexisme) – plus sans nul doute l’inadéquation entre le propos et l’âge de lecture.
Terminer par une œuvre aussi controversée que « Machine qui rêve » est une gageure. J’ai bien envie de biaiser.
13/20. Je n’ai pas aimé Spip, ni Seccotine, ni les trous dans la narration. Sans être révolutionnaire, dans le contexte, ce tome va un peu trop vite et radicalement dans le changement de registre. L’idée est bonne mais pas originale, l’ambiance est réussie, le dessin est top mais tranche trop et n’a pas encore trouvé un rythme de croisière que l’on ne lui laissera jamais le temps d’acquérir (c’est vrai que « Spirou à Cuba » partait bien…).
Je trouve ça osé, intéressant, assez réussi, mais pas très bien intégré dans l’univers de la série. C’est un ressenti, une analyse plus poussée pourrait faire évoluer cet avis.
Bien, maintenant que j’ai bien écrit de la merde, si je relisais ces albums ?
NB : ce jeu de noter - pour mettre des repères, pas pour juger irrémédiablement - n’est pas particulièrement une marotte. Et pour être complet, il est issu d’un tableau plus exhaustif où presque tous les numéros sont répertoriés (pas encore mis le dernier). Donc une bonne douzaine dépasse les notes de 14,5-15/20, tous de Franquin, Fournier suivant Virus vers la quinzième place avec 14,5 + pour le Gri-gri.
Ne dîtes plus : "critique de B.D. biodégradable", dîtes : "exégète"... Y&C